Le Cantique des cantiques. Des pourpres de Salomon à l'anémone des champs
Jacques CazeauxSagrada Escritura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
La conclusion laisse affleurer le propos de l'A.: «La familiarité qu'on acquiert avec la Bible permet de sentir que les images, les paraboles, le pittoresque y sont moins éloignés que chez nous de la pensée réflexive. Même si l'expression flamme de Yah veut dire « un feu prodigieux, invincible », la présence toute matérielle du nom du Dieu d'Israël peut L'évoquer: ce mince pédoncule sera encore capable de nourrir rétroactivement et de sublimer les images du Cantique. Par sublimer n'entendons pas les vider de toute corporéité, mais les rendre humaines à force de les tirer vers l'Être - auquel la parole consent» (p. 226).
Au terme de l'ouvrage, la relecture de l'ensemble par l'A. nous fait saisir la course de l'intrigue à travers les sept poèmes où la présence insaisissable de Dieu s'incarne dans la réalité qui nous étreint tous, et que nous nommons l'amour. Itinéraire philosophique? Soubresauts de la sensibilité? Apocalypse du divin dans le charnel? En tout cas, évocation de la Bible en son entier, de l'arbre de l'Éden à la vision de l'Agneau immolé, dans la poésie incandescente par laquelle une femme nous invite à goûter la douceur du baiser et de l'étreinte de Dieu. Le tableau de Brueghel intitulé La chute d'Icare sert de fil conducteur insolite. La nouvelle traduction du Cantique nous réjouit. Un livre attachant, fort et pénétrant, fleurant le henné et la myrrhe vierge. Ce 222e titre de la collection Lectio divina représente comme un point d'orgue dans l'oeuvre de J. Cazeaux. Merci de l'offrir à notre lecture. - J. Radermakers sj