On connaît le parcours mouvementé de l'A., prêtre de la Famille de
Saint Joseph, actuellement professeur de philosophie à l'Université
catholique de Lyon et au séminaire d'Ars. Chercheur scientifique,
il a travaillé pour le CNRS belge, avant d'être saisi par le
mouvement «Méditation transcendantale» inspiré de l'hindouisme, et
de devenir disciple du gourou hindou Mahesh Yogi. Il raconte son
histoire dans le livre intitulé L'expérience interdite (Versailles,
41998; cf. NRT 123 [2001] 511). Renouant avec son christianisme, il
sacrifia un temps aux doctrines ésotériques de l'occultisme
jusqu'au moment où il prit conscience de leur incompatibilité avec
sa foi chrétienne. Depuis son ordination sacerdotale, il s'emploie
à dénoncer les risques de semblables aventures. C'est dans ce cadre
qu'il faut placer les deux livres ici présentés.Dans le premier,
l'A. «déchire le voile» du mystère de la pensée ésotérique qui
fascine tant de nos contemporains. Il entreprend dès lors de nous
présenter les grandes lignes de l'histoire de l'ésotérisme
occidental telles qu'on les retrouve dans toutes les cultures, et
d'où sortit le Nouvel Age. Il s'efforce alors de dégager les visées
et la méthode du courant ésotérique, de saisir quelle est sa
conception du divin et comment il perçoit l'homme au sein de
l'univers. Ses interlocuteurs sont: la théosophie,
l'anthroposophie, l'école Arcane, les loges maçonniques, les
Rose-Croix et d'autres groupements analogues. Il se demande
notamment comment ils intègrent la personne du Christ.Trois parties
divisent ce premier tome. La première, intitulée La science des
choses cachées nous ouvre les arcanes de la gnose, selon la
«tradition hermétique» d'Hermès Trismégiste, puis celles de
l'occultisme qui s'établit dans le monde subtil des énergies
cachées dont certains initiés prétendent se rendre maîtres. L'A.
expose alors la terminologie, la méthode et la finalité de
l'ésotérisme, avant de nous mener en visite chez les principaux
représentants de ces mouvements (deuxième partie). Une troisième
partie s'efforce de poser un discernement chrétien à partir de la
grâce divine: une réflexion sur la distinction entre foi et raison
montre comment le christianisme part d'une révélation de Dieu, qui
est tout le contraire d'une aliénation. Il en dégage «l'humble
certitude» que donne la vérité révélée par Jésus dans les
évangiles, et il expose, avec saint Paul, comment la personne de
Jésus est le Mystère par excellence, dans un chapitre intitulé La
gnose chrétienne. Des annexes reproduisent des déclarations de
l'Eglise à propos de la théosophie et de la Franc-maçonnerie et de
leur incompatibilité pour le catholique, car les mêmes mots
véhiculent souvent des réalités complètement différentes.
Dans le deuxième tome, l'A. s'interroge sur la conception de Dieu
ou du divin dans l'ésotérisme. Refusant l'idée de révélation,
celui-ci prétend atteindre le divin par les seules ressources
humaines et élabore une théorie rationnelle sur Dieu, l'homme et
l'univers à partir de l'expérience intuitive de niveaux plus
subtils du réel accessibles grâce à l'initiation. Comment le
relatif peut-il apparaître au sein de l'absolu? L'histoire de la
philosophie en trace le cheminement depuis Plotin jusqu'à
l'idéalisme allemand de Jacob Boehme, à travers le manichéisme, la
catharisme, le gnosticisme, la Kabbale, la Rose-Croix, d'où
dérivent, à la Renaissance, les traditions aboutissant à la
Maçonnerie. L'A. reparcourt cette longue histoire, avant de mettre
en relief la spécificité de la connaissance de Jésus-Christ, et il
esquisse le difficile chemin du dialogue en raison des préjugés et
des soupçons qui pèsent sur la réalité chrétienne. Des annexes sur
les documents ecclésiaux, une bibliographie et un index clôturent
les deux tomes, qui doivent être suivis par un troisième où l'A.
doit affronter «les Christs» du Nouvel Âge au Jésus-Christ des
évangiles.
Cette trilogie s'avère du plus haut intérêt pour les théologiens et
pour les lecteurs formés désireux de discerner les écueils du
Nouvel Âge et de toutes les formes d'occultisme présents souvent à
l'état larvé dans les courants médiatiques modernes. - J.
Radermakers, S.J.