L'interpellation causée par la nouveauté chrétienne dans l'empire
provoqua son exclusion du monde grec du IIe siècle (le rescrit de
Trajan, complété par celui d'Hadrien, court tout au long de cette
période). La première littérature chrétienne voulut répondre à
cette situation. Un genre nouveau naquit: l'apologie. B.P. offre
une synthèse détaillée de cette production marquée par les
persécutions. L'ouvrage est divisé en deux parties. La première
constitue une synthèse du genre apologétique. L'A. discerne quatre
fonctions pour caractériser ce genre littéraire, dont l'origine est
à trouver dans la littérature hellénistique mais aussi
judéo-hellénistique (Philon): apologétique proprement dite,
polémique, protreptique, pastorale. Unité de genre, unité de thème:
les controversistes défendent la place du chrétien dans la cité en
s'attachant à le présenter comme un modèle de vertu religieuse et
morale. Ces intellectuels de profession démontrent que le
christianisme est la véritable philosophie. Ils élaborent enfin
contre le paganisme, le gnosticisme et le judaïsme les prémices
d'un discours théologique, trinitaire et christologique.
Cette synthèse, qui échappe à la tentation d'une systématisation
artificielle, prépare habilement la deuxième partie de l'ouvrage.
Celle-ci analyse chronologiquement et théologiquement l'évolution
de ces écrits de combat: Actes des apôtres, Kérygme de Pierre,
Apologie de Quadratus, Controverse de Jason et Papiscus, Aristide,
Justin de Naplouse, Tatien, Athénagore d'Athènes, Méliton de
Sardes, Théophile d'Antioche, Miltiade et Appolinaire d'Hiérapolis,
L'Écrit à Diognète, Hermias, les Sentences de Sextus, le corpus
pseudo-justinien. Avec ces notices détaillées bénéficiant des
recherches les plus récentes, une bibliographie touffue et un index
des textes cités, l'ouvrage constitue une somme complète et
désormais indispensable à l'étude patristique. - A.Ms