Professeur aux universités de Harvard et de Genève, spécialiste de
Luc, éditeur des écrits apocryphes chrétiens, l'A. reprend son
étude sur la «semaine sainte», basée sur les sources chrétiennes,
juives et païennes: les récits de la Passion ne sont pas des
reportages désintéressés de témoins objectifs; ils reflètent
davantage les désirs de la communauté chrétienne que la réalité
historique. Les nouveautés de la présente édition concernent
l'hypothèse de l'alternance des sources dans Luc, l'identité et le
fonctionnement du sanhédrin, l'inauthenticité des paroles de Jésus
en croix (qui relèvent de la réflexion scripturaire et
théologique), l'importance de l'évangile de Pierre (reproduit en
appendice) qui confirme les tendances apologétiques et légendaires
des synoptiques. Reconnaissant la difficulté que constitue notre
connaissance fragmentaire de la procédure pénale juive du premier
siècle et de la justice romaine dans les provinces, l'A choisit
comme point de départ méthodologique le fait que Jésus a subi une
peine romaine et non point juive. Le sanhédrin ne s'est pas trompé:
la prédication du Royaume de Dieu a une portée politique. La
tendance des évangélistes à disculper Pilate s'explique par leur
intention de faire reporter sur les juifs, leurs adversaires
principaux, la responsabilité de la mort de Jésus. Dans le chapitre
Des temps et des lieux, l'A. suggère que Marc connaissait mal le
calendrier juif.
L'ouvrage, dont la Conclusion se penche sur les récits d'apparition
et les récits du tombeau vide, est enrichi d'une bibliographie
classée chronologiquement. Laissons l'A. classifier son oeuvre: une
présentation populaire, sans prétention scientifique, mais qui
n'exclut pas la critique (cf. avant-propos). En effet! - P.
Detienne, S.J.