Dès l'adresse, le lecteur est prévenu: les éditeurs (anonymes ou
signant par initiales) ont « fait le choix de publier [des]
témoignages plutôt qu'un exposé théorique, parce qu'il y a moins de
force dans une innovation artificielle que dans une répétition
destinée à suggérer une vérité neuve»: ce qu'on appelle
homosexualité «n'est pas réductible à une pratique» et peut être «
le point de départ d'un cheminement spirituel si on l'accepte, si
on ne la contourne pas, si on essaie d'être authentique avec soi».
Un premier «chapitre» tâche d'ordonner ces témoignages en trois
parties, avant de les livrer, regroupés sous des titres chocs:
«Monsieur l'Curé n'veut pas», «vous savez bien que la Bible est
contre», «mariez-vous, ça vous passera»… La réflexion s'approfondit
quand il s'agit de faire face («la vérité vous rendra libres»),
d'évoquer le cas de prêtres («notre échange nous a révélé combien
nous étions de fait en lien avec des marginaux de tous genres»),
les rapports à la foi («je rends grâce à Dieu de m'avoir fait
connaître l'amour authentique»), la parentalité («nous cheminons
désormais à six»), «les silences qui crient» (y compris dans le
cloître), l'espoir malgré le sida. La conclusion s'en prend au
«génocide moral» que l'Église promeut quand elle impose la seule
chasteté-continence, qui est «non-sens et violence», alors qu'«il
est possible de concilier sa condition homosexuelle et sa foi en
Dieu». Un dernier «chapitre» fait connaître les associations
homosexuelles - en fait, celle qui édite l'ouvrage, plusieurs fois
louée dans les dépositions -, avant une courte bibliographie.
Notons que beaucoup de ces itinéraires révèlent des enfances
pieuses ou des séjours plus ou moins longs dans les noviciats,
monastères et autres séminaires; quarante pages de récits viennent
de prêtres en exercice (plus rarement, de religieuses ou
d'ex-religieuses); quelques passages sont l'oeuvre de parents ou de
conjoints déconcertés. Certes, les homosexuels ont une âme; mais
qu'en est-il de leur liberté? - N. Hausman scm