L'A., théologienne, nous offre ici, agréablement présentées, une
douzaine de musardises poético-spirituelles. Elle nous y invite à
faire entrer la vie (et le Vivant) dans l'existence: je ne suis pas
obligé d'être malheureux; je peux donner du sens au morne
quotidien.Elle passe en revue les objets qui l'entourent et qu'elle
contemple amoureusement: les cadeaux qui, révélant à la fois celui
qui les donne et celui qui les reçoit, invitent à la bienveillante
acceptation de la dissymétrie…, les lettres, qui nous permettent
d'aller plus loin dans la connaissance tant des autres que de
nous-mêmes…, les livres, qui transfigurent l'ennui des salles
d'attente… L'expérience personnelle de l'A. lui permet de formuler
une série de suggestions judicieuses à l'intention de ceux et de
celles qui souffrent de solitude, ou d'un célibat non choisi:
organiser le quotidien, soigner les repas, accepter l'aide
charitable du prochain, «habiter avec soi-même»… elle nous apprend
comment gérer l'argent en chrétien: sans culpabilité, si je suis
riche; sans honte, si je suis dans la gêne.
Elle traite de la difficulté des vacances, différente pour chacun
et identique pour tous. Dans un dernier chapitre, intitulé «Un art
de vivre», elle nous apprend que le beau est un luxe nécessaire: il
devrait être la signature de tous les chrétiens. Parmi les
écrivains les plus souvent sollicités pour étayer ses propos,
relevons les noms d'Etty Hillesum et de Pierre Emmanuel. Le titre
de l'ouvrage, quant à lui, est emprunté au poète Jean Grosjean. -
P. Detienne sj