L’ouvrage nous livre la quasi-totalité des interventions données lors de la 64^e Semaine d’études liturgiques organisée par l’Institut de théologie orthodoxe St-Serge de Paris. Cet ensemble entend discerner entre religiosité susceptible de servir une meilleure entrée dans les mystères célébrés et religiosité pouvant en masquer, voire contredire, le sens.

D’emblée, T. Pott indique un présupposé important : il ne s’agit pas d’opposer mais d’harmoniser liturgie et religiosité tout en gardant éveillé l’esprit de réforme qui invite sans cesse à améliorer et à purifier. La religiosité désigne en effet un comportement qui nous renseigne sur la façon dont l’homme vit la liturgie. Le point de vue phénoménologique donne dès lors lieu à plusieurs études de cas.

M. Metzger présente la religiosité dans les premiers siècles et en tire enseignement. L’annonce de l’Évangile n’a pas éradiqué d’emblée certaines pratiques mais, avec vigilance et discernement, en a christianisé beaucoup. Si la liturgie est un lieu où Dieu offre ce que les humains recherchent, elle ne peut être qu’un lieu où ils expriment leurs attentes. Si elle ne le permet pas – l’histoire le montre – se développent alors des formes parallèles de dévotion. C’est pourquoi le rituel romain des bénédictions ne rejette pas mais transforme la demande de bénédiction en demandant à Dieu de bénir, non des objets, mais les personnes concernées. La suite des interventions interroge nombre de « phénomènes » passés et actuels tels les indulgences, l’hymnographie byzantine récente, l’usage de l’encens, des particularités architecturales ou artistiques, etc. sans oublier quelques pratiques para-liturgiques.

Le dernier texte traite des questions contemporaines concernant l’eucharistie. C’est ainsi que R. Ongendangenda, en soulignant la densité existentielle et éthique de l’eucharistie, désamorce en finale le soupçon qu’éveille la ritualité religieuse en modernité, ce qui renvoie les Églises à habiter et présenter la liturgie dominicale à un tel niveau. — A.-M. Petitjean a.s.