La Petite collection Atopia, dirigée par Claude Louis-Combet, nous
fait goûter les saveurs du passé, spirituelles ou profanes,
remettant en honneur des figures du XVe au XIXe siècle. Gilles
Banderier nous présente un long poème de 3700 vers sur
Marie-Madeleine, la pécheresse sanctifiée, la possédée devenue amie
de Jésus, la femme étincelante de beauté faite ermite et pénitente.
Ce personnage évangélique fascinait les artistes et les âmes
pieuses du XVIIe. L'A. du poème (1600-1676) est un bonhomme
étrange, à la fois poète, romancier et dramaturge, mais aussi
architecte, conseiller royal et commis d'État. Il compose cette
oeuvre alors qu'il atteint les 70 ans. De construction contrastée,
le poème développe en quatre chants le thème du péché et de la
séduction, puis six autres chants parlent de la sainteté et de la
vertu chrétienne. Ce n'est pas une grande oeuvre, et beaucoup de
vers nous paraissent mièvres et creux, mais il y a un certain élan
dans cette épopée de la grâce triomphant de la faiblesse, de
l'appétit de jouissance et de la malice humaine. Les réminiscences
évangéliques sont habilement présentées au milieu d'un fatras
encyclopédique où l'allégorie mythologique se joint à l'imagination
débridée, selon ce qui plaisait à la belle société du temps. Cette
tentative pour mettre en littérature poétique le merveilleux
chrétien n'est pas sans grandeur. Intéressant, curieux, révélateur
d'une époque. - J.R.