Les chap. VII à X sont consacrés aux réactions actuelles face à ces propositions dogmatiques: minimalisme ou maximalisme, avec réflexion sur l'identité catholique et la théologie mariale de Vatican II dans «Lumen gentium». Le chap. VIII s'interroge sur la place de Marie dans le dialogue oecuménique, avec exposé de la tradition orthodoxe et de sa résistance à la dogmatisation, puis dans les églises issues de la Réforme. Un excursus traite de Marie à la fois comme obstacle et comme objet du dialogue. Le dialogue interreligieux est abordé au chap. IX, original et novateur: du côté juif et dans la tradition de l'Islam, avec un excursus suggestif. Le chap. X touche la question de Marie dans «la femme divine», en trouvant des modèles dans l'AT, notamment dans la Sagesse (Pr 8,22-31), compte tenu des appropriations chrétiennes et de la réflexion sur l'Esprit saint. Une confrontation avec des données non bibliques intervient ici comme base anthropologique.
Posons quelques questions à l'A. Basant son travail sur la virginité de Marie, nous dit-il bien comment il l'entend pour l'Église et pour lui? Il y aurait à approfondir les figures de l'AT: la Sagesse, liée à l'Esprit saint, est convoquée, mais le travail de la grâce à travers les femmes d'Israël n'est guère traité, alors qu'il se situe dans l'axe de la Conception immaculée: privilège marial ou chemin de féminité? La discussion à propos des archétypes féminins et de ses représentations, en passant par l'Artémis d'Éphèse pourrait être creusée, elle aussi (cf. le livre de Ph. Borgeaud, sur La mère des dieux, 1996). Dans l'AT en Isaïe et chez les prophètes, la figure de Sion/Jérusalem comme partenaire du Serviteur et bénéficiaire de son sacrifice pourrait être élaborée dans le même sens. Le rapprochement entre Conception immaculée et Assomption dans la conjoncture du XXe siècle, à une époque où se développent les techniques de manipulation génétique et d'euthanasie pourrait aussi être pesé. Bien que la tradition byzantine ait voix au chapitre, l'A. devrait encore élargir sa prospection à d'autres églises. Enfin, l'apparition pascale de Jésus à sa mère mériterait une réflexion plus poussée.
Une abondante bibliographie témoigne du sérieux et de la pertinence de la documentation. Saluons la clarté de l'A. dans ses explications et la qualité de l'exposition, mais aussi sa probité intellectuelle et le courage avec lequel il aborde certains problèmes. Décevant par endroits, ce livre aidera pourtant les mariologues à se remémorer l'histoire du dogme marial. - J. Radermakers, S.J.