Le P. Matteo Crimella, prêtre ambrosien, a défendu sa dissertation
doctorale à l'École biblique de Jérusalem en mai 2009 sous la
compétente direction du P. A. Marchadour. Il nous en livre le texte
remanié. Présentement, il enseigne à Monza, Jérusalem et Madagascar
et il collabora à la pastorale biblique au diocèse de Milan.L'A.
s'inscrit dans la ligne de l'approche narrative des textes
évangéliques. Il a choisi d'étudier un procédé lucanien repéré par
Bultmann: la mise en scène de trois personnages dont deux sont
placés «en comparaison» sous le regard du troisième fonctionnant
comme témoin ou arbitre; tel est le «triangle
dramatique».L'introduction en explique le fonctionnement au sein du
cadre narratif, puis examine quatre exemples de cette figure
littéraire à l'intérieur de ce qu'on appelle «le grand voyage» de
Jésus vers Jérusalem, passage central propre à Luc. Il s'agit de la
parabole du bon Samaritain (Lc 10,25-37) où prêtre, lévite et
Samaritain se trouvent face au blessé; les deux soeurs Marthe et
Marie sous l'arbitrage de Jésus (Lc 38-42); la parabole du père et
ses deux fils prodigues (Lc 15,11-32); la parabole du riche et du
pauvre Lazare que Jésus place devant le discernement d'Abraham (Lc
16,19-31). L'analyse des quatre textes est précise, minutieuse, et
l'A. montre bien comment le lecteur actuel se découvre secrètement
interpellé à travers la dynamique du texte. Il fait aussi percevoir
le rapport intrinsèque que met Luc entre la forme littéraire et la
théologie impliquée dans le récit. Malgré l'aspect technique de
l'analyse, la prose de l'A. se lit agréablement et certains
passages s'avèrent réellement passionnants.Les étudiants
italophones en théologie, mais aussi les exégètes professeurs, et
même les pasteurs en mal d'homélie y trouveront un incontestable
profit spirituel et pastoral, et de précieuses notations. La
bibliographie de trente pages dit le sérieux de l'information.
Souhaitons à l'A. un franc succès dans son enseignement. - J.
Radermakers sj