Reprise le plus souvent fidèle d’un mémoire en théologie fondamentale présenté au Centre Sèvres (Paris), cet ouvrage touche, comme son titre l’indique, à l’ecclésiologie en son lien à l’eucharistie, comme sacrement de la communion. La thèse est de montrer comment l’eucharistie constitue le fondement de la vie chrétienne en tous ses déploiements et toutes ses dimensions, individuelles, sociales et même cosmiques.

La 1^re partie considère le donné de la création à partir d’une méditation de la Genèse. Ici il nous semble que l’anthropologie biblique tripartite aurait gagné à être développée. La notion de cœur peut en effet aider à comprendre le sens du corps et les implications du péché sur la réalité corporelle dans la création.

La 2^e partie montre que la réconciliation de l’humanité avec Dieu dans le Christ touche les corps (voir notamment « Jésus apporte le salut aux corps », p. 61-70) et Lui-même livre son corps et le laisse en mémorial. Cette phénoménologie de l’eucharistie est bienvenue en ce qu’elle rappelle utilement (surtout avec Giraudo mais aussi Bouyer) l’insertion de l’eucharistie chrétienne dans le mémorial pascal du culte d’Israël.

La 3^e partie s’intéresse à l’Église corps du Christ. Isabelle de la Garanderie (qui collabore à la NRT) convoque de manière bienvenue Tillard pour évoquer la constitution ministérielle de l’Église comme communion. Peut-être Ecclesia de eucharistia aurait-elle pu être davantage mise à profit à cet égard, notamment pour ce qui relève de la consécration dans l’Église ?

La 4^e et dernière partie observe les implications éthiques et eschatologiques de l’eucharistie, aux plans individuel et communautaire, sous le titre de « poétique de l’eucharistie ». Elle cite à ce propos J.-M. Hennaux : « Participer à l’Eucharistie implique donc, pour nous aussi, de mourir, afin de passer en Dieu et dans les autres. Mourir à tout ce qui nous sépare de Jésus, de son acte, du Père, des autres, de la nature » (tiré de L’eucharistie de Jésus, fondement de l’agir chrétien, 2021, p. 127, cité p. 139).

Cet ouvrage bénéficie de la postface de Mgr Daucourt, l’évêque émérite du dicocèse de Naterre. On apprécie alors d’autant plus les pages (p. 160-164) sur la place des plus pauvres dans le corps eucharistique du Christ qu’est l’Église : « De fait les plus pauvres nous font toucher d’une manière plus directe, plus sensible, la réalité de ce qu’est le royaume de Dieu, dans la mystérieuse proximité qu’ils ont avec le Christ, tête de notre corps. (…) Mais, en plus de les servir et de lutter résolument contre toute forme d’injustice, mettons-nous à leur écoute, voire à leur école pour mieux avancer ensemble sur le chemin de la foi et de la vie » (p. 164-165). — A. Massie s.j.