Le message spirituel des monothéismes et la réflexion éthique
peuvent-ils se compléter dans une perspective d'émulation? À
quelles conditions et de quelles manières? Voilà le fil conducteur
de ce recueil. Les sept premières contributions sont de nature plus
théorique et réflexive. Comment définir la contribution propre des
monothéismes à l'éthique ou encore le caractère spécifique des
éthiques inspirées par les monothéismes? Quel rôle l'héritage de la
pensée grecque a-t-il joué dans ces rencontres et débats? Tant la
sécularisation de nos sociétés que les spécificités de chaque
tradition religieuse interdisent certes de formuler aujourd'hui une
charte commune applicable comme telle dans la vie sociale. Au
reste, l'histoire montre que les communautés et leurs théologiens
ont souvent résisté à la dimension universelle de leurs propres
messages de foi. De la notion d'un Dieu créateur et de l'homme créé
à son image découlent toutefois des conceptions de liberté et de
responsabilité éclairantes pour la réflexion éthique. En
particulier, si, comme le pense Levinas, l'éthique précède
l'ontologie, ne serait-ce pas dans une perspective de création
comprise comme alliance? Suivent trois études historiques: la
reprise en islam (Ibn Miskawayh) d'une éthique du bonheur
d'inspiration aristotélicienne; le débat à propos du bien et du mal
comme contraintes pour la liberté divine (al-Ghazâlî); le fonds
commun des trois traditions abrahamiques illustré par un petit
traité d'éthique rédigé en grec, probablement traduit en syriaque,
mais dont nous n'avons plus que des versions arabe et hébraïque! En
fin de volume, deux contributions nous ramènent du Moyen-Âge aux
interrogations nouvelles en matière de bioéthique: l'une compare
les démarches juive et catholique, l'autre expose quelques
positions protestantes. - Riche menu, où l'on regrettera cependant,
en dépit du titre de l'ouvrage et de sa nouvelle collection, la
faible participation d'auteurs musulmans. -J. Scheuer sj