L'éminent théologien sociologue de Heidelberg, président de
l'Académie des Sciences de la célèbre Université, nous fait ici une
leçon magistrale de l'histoire de l'exégèse néotestamentaire
allemande au tournant décisif de 1945. À l'occasion du centième
anniversaire de cette Université, il procède en comparant le destin
scientifique de deux grands chercheurs qui ont abouti à cette même
Université: K.G. Kuhn (1906-1976), disciple de Gerhard Kittel,
compromis avec le nazisme et antisémite, et G. Bornkamm
(1905-1990), disciple de Rudolf Bultmann dans l'élaboration de son
programme herméneutique de démythologisation.En développant
successivement la biographie de ces deux savants exégètes, l'A.
nous fait prendre conscience du bouleversement qu'opéra, chez l'un
comme chez l'autre, l'événement de la Seconde Guerre mondiale avec
l'horreur de la Shoah. K.G. Kuhn fit un discours mémorable à
l'occasion de sa réception à l'Académie en janvier 1964 où il
rappelait son passé studieux comprenant l'étude du talmud, puis son
antisémitisme et ses rapports conflictuels avec la «théologie de
Tübingen». Après la guerre, ses travaux s'occupèrent surtout des
textes de Qumrân en rapport avec le NT. L'A. termine en se posant
de sérieuses questions à propos du «Cas Kuhn». Il parcourt ensuite
le curriculum de G. Bornkamm en signalant ses démêlés avec
l'Église confessante et la théologie kérygmatique, puis les cinq
points qu'il étudia particulièrement: le concept de «confession»,
la théologie de Paul, le Jésus de l'histoire, l'étude des évangiles
et la discussion sur la démythologisation, avec R. Bultmann et E.
Hirsch. Il termine par une conclusion fort pertinente qui provoque
la réflexion.Bref, un pan intéressant de l'histoire de l'exégèse
allemande qui apparaît soudain à la lumière grâce à la perspicacité
de l'A., que nous admirons une fois de plus. - J. R.