«Pas sans toi?». Testo, parola e memoria verso una dinamica della esperienza ecclesiale negli scritti du Michel de Certeau
St. MorraTeología - reviewer : Bruno Clarot s.j.
De Certeau avoue qu'il lui a fallu 20 ans pour entrouvrir la porte de la mystique et Stella Morra ajoute qu'il lui en a fallu autant pour comprendre de Certeau alors qu'elle avait été éblouie par lui dès le premier contact. Laïque, sociologue, elle enseigne à La Grégorienne où elle a présenté cette thèse de théologie. Son travail n'est pas de lecture aisée, elle l'admet. Elle construit une sorte de «laboratoire herméneutique» pour trouver la clé qui ouvre le sens de cette oeuvre abondante et variée. De Certeau a peu à peu construit un «paradigme mystique» pour comprendre les relations, les dynamismes, le fonctionnement de la dynamique ecclésiale aujourd'hui. Pour lui, la question centrale était le choc entre manières de croire, modes d'agir et modernité, avec le point douloureux de la distance entre paroles et actes dans l'Église. Pour mieux comprendre, il a surtout cherché dans trois directions: l'épistémologie historique, la socio-anthropologie des religions et les théories de l'action et de la réception.
St. Morra est partie des découvertes du jésuite sur la dynamique d'une construction ecclésiale compatible avec la modernité, pour passer à un point de vue plus théologique qu'historique. De Certeau en est venu à dire que la pauvreté est quasiment un caractère structurel du croyant moderne et se manifeste comme une joyeuse légèreté de et dans la foi, mais avec un lourd prix à payer pour y parvenir. Mais quand on demande au jésuite: «En vue de quoi?», sa réponse semble être: dans un mouvement de passage à l'infini, sans but précis. Quelles sont alors les relations entre cet art de croire et les institutions croyantes modernes? Ici Morra admet qu'elle passe à une interprétation personnelle sur un problème qui l'intéresse, elle, sociologue. Pour de Certeau, la direction de pensée à partir d'une «rupture fondatrice» est la règle du «pas sans toi», pas sans l'autre, pas sans le non-moi. À cette règle, St.M. ajoute «le corps» et la dynamique eucharistique. Pour elle, le «principe eucharistique» se définit par trois éléments: le composant de nourriture et de parole, le fait que cet aliment et cette parole font mémoire de la mort-résurrection du Christ et enfin la réalisation de ce fait dans l'histoire, ici et aujourd'hui. La nourriture est «consubstantialisée» par notre corps et ce symbole de la nourriture conjoint relation et distance. On a sous-évalué dans l'Église la composante «nourriture» de l'eucharistie. Dans la dynamique sacramentelle se rencontrent le visible et l'invisible, le symbole et l'efficacité, la distance et la proximité.
L'A. avoue qu'il est difficile de tirer des conclusions de ce travail qui expose et tente de prolonger la logique du parcours et de l'errance. Elle s'est risquée à mettre en oeuvre sa propre hétérologie avec la conscience de ses lacunes. Il faudrait d'autres études, dit-elle, sur le rite, la sainteté, les voies spirituelles, etc. Comme de Certeau, elle s'est contentée de tracer une voie. Elle est convaincue que le non-vu est aussi important et agissant que le vu. Le principe eucharistique lui paraît indiquer le principe ordonnateur de l'expérience de foi chrétienne sous sa forme de rencontre et d'expérience historique. Il faut la remercier de nous introduire dans une pensée si riche et si exigeante. - B. Clarot sj