Cet ouvrage stimulant de Lionel J. Windsor est le résultat
d'une thèse de doctorat préparée sous la dir. de Francis Watson à
l'Univ. de Durham et défendue en 2012. L'argument est le
suivant : la mission apostolique de Paul vers les nations est,
pour lui, sa manière d'être juif (p. 2). Israël a reçu une
mission de la part de Dieu, qui donne aux juifs une vocation
spécifique. Mais contrairement à ce que pensaient la plupart des
juifs de son temps, cette vocation n'est pas tant de garder la Loi
en témoignage de la sagesse et de la puissance de Dieu que
d'annoncer le Christ. Ainsi, le ministère apostolique de Paul est
intimement lié à son identité juive (chap. 4) ;
cependant, cette dernière est contestée et redéfinie à la lumière
de l'évangile du Christ (chap. 5-6). Les trois lignes de force qui
sous-tendent l'ensemble sont présentées dès l'introd. Tout d'abord,
l'A. est bien au fait de l'ampleur du discours qui est développé
autour de la question de l'« identité juive » et de la
diversité des opinions concernant la situation du (ou des)
judaïsme(s) au ier s. Ayant remarqué que c'est
souvent dans le contexte d'une discussion de sa propre vocation
d'apôtre des nations que Paul parle de l'identité juive, l'A.
insiste pour dire que, chez Paul, les dimensions ethnique et
théologique de la judaïté sont inséparables. De là vient la
2e ligne de force, à savoir la dimension
vocationnelle de l'identité juive. Ainsi, la différence
juif/nations n'est pas d'abord une question de salut ou de voies de
salut mais de vocation ; pour Israël, sa vocation spécifique
provient de sa possession d'une révélation divine unique dans les
Écritures. Enfin, l'étude se concentre, à partir du chap. 4,
sur l'Épître aux Romains. La lecture proposée est originale. Les
lectures traditionnelles insistent sur le thème de l'universalité
du salut offert à tout croyant. Sans nier cette dimension, l'A.
invite encore à lire Rm comme une lettre sur la vocation
juive ; plus encore, la lettre elle-même
« est un exercice de cette vocation »,
c.-à-d. « un puissant exemple du ministère exercé par un juif
à l'égard des païens et ainsi un ministère d'Israël à l'égard du
monde » (p. 254). - S. Dehorter