Ce livre rend compte des interventions du 10e colloque (28 au 30 jan. 2019) organisé à Ars par la Société Jean-Marie Vianney. Les 14 intervenants abordent un thème à la fois délicat et décisif. Dans le contexte de la crise de la paternité et celui des excès de paternalisme clérical, réfléchir à la paternité liée au sacrement de l’ordre, est audacieux et important. La paternité n’est-elle pas niée de fait et souvent déformée ? Comment penser juste dans l’ordre rationnel et recueillir des témoignages existentiels positifs ? Pourtant, « les chrétiens savent que la fraternité n’existe vraiment que là où un Père commun est reconnu » (p. 11). Ainsi cette reconnaissance est-elle liée à la grâce d’être tous fils adoptifs en Jésus-Christ (Ep 1,5). Prier avec les mots mêmes du Fils (Notre Père) et recevoir la paternité divine par la figure de l’évêque fondent la légitimité de la paternité sacerdotale.

Toutes les interventions tentent de réfléchir cette paternité, non pas à partir d’éléments subjectifs et spirituels, mais à partir de la grâce du sacrement de l’ordre. Les prêtres sont d’ailleurs configurés au Christ, unique grand-prêtre. S’ils s’effacent devant cette vérité, ils évitent les tentations de cléricalisme et témoignent en vérité de leur mission. Sans pouvoir citer tous les intervenants et leurs qualités (V. Siret, J.-P. Fabre, R. Varin, M. Boyancé, L. Melina, P. Roland, J.-P. Nault…), soulignons comment cette thématique est bien abordée : données scripturaires, théologiques, philosophiques et morales rythment la lecture des interventions. Nous avons été attentif aux pages de P. Syssoev sur « les contrefaçons de la paternité spirituelle » : elles sont éclairantes, audacieuses quant à la condition homosexuelle chez le prêtre (p. 150). Le regard d’une femme (G. Cluzel), à travers le cadre des féminismes, est très concret, ouvert et stimulant. La figure joyeuse et vraie de saint Philippe Néri relie la réflexion à des exemples concrets, celle du Curé d’Ars n’est pas oubliée. On aurait pu aussi prendre quelques témoins parmi ceux et celles qui ont expérimenté cette paternité ecclésiale dans les relations ordinaires de la vie chrétienne.

La publication honore le travail régulier opéré par les divers organisateurs depuis 10 ans et manifeste, sous divers angles, combien le sacerdoce est, comme le dit le CÉC, un sacrement de la mission dans l’Église. Le dernier thème choisi nous en donne des confirmations. — A. Mattheeuws

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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