On peut s'étonner, dit D.V., de ne pas trouver la science dans cette liste, mais Heidegger affirme que la vérité de la science se situe dans la philosophie dans laquelle la science trouve son fondement, celui du primat de la méthode sur l'objet. Toutefois, pour ce philosophe, la vérité n'est pas présente dans la seule pensée, et les autres modes d'être possèdent autant de dignité qu'elle. C'est probablement ceci qui fait parler Heidegger de la fin de la «philosophie».
En politique, il est vrai que Heidegger est entré en 1933 dans le parti nazi, mais le lien avec sa philosophie est très ténu, car, dès 1939, Heidegger refusait le totalitarisme au plan ontologique, c.-à-d. comme uniformisation de tout et de tous par une puissance «inconditionnée». On voit qu'on est proche d'un désaveu politique. - La morale n'est pas présente chez lui, sinon comme éthique, dans le «sacrifice essentiel» qui est don de soi purement gratuit et par reconnaissance. Aujourd'hui les conflits internationaux n'interviennent plus entre idéologies historiques, dit-il, mais entre des civilisations ou cultures religieuses. Ces civilisations ne sont pas seulement occidentales, mais mondiales et liées à la technique. Nous sommes très proches de ce que l'on appelle actuellement «mondialisation».
La vérité peut encore se présenter sous la forme de religion ou d'art. On décèle une dimension religieuse chez Heidegger dans le fait que l'homme soit naturellement ouvert à l'Étant. Quant à l'art, Balthasar assure que ce philosophe lui a été très utile pour bâtir sa Théologie de la gloire. On peut dire que Heidegger a aidé à renouveler la théologie tant protestante que catholique.
Ces notes, claires et simples, ne doivent pas cacher la richesse et souvent la complexité de la pensée de ce grand philosophe. Ce livre constitue une bonne introduction à Heidegger. - B.C.