Sur la traduction de Sr Paul-Alma, relue par P. Descourtieux qui
partage avec C. Nardi l'introduction et les notes et a revu
l'ensemble des travaux, la nouvelle publication intégrale en
français du Quis dives salvetur (sic) prend la suite de
celle du p. A.-G. Hamman, de 1962. C'est dire l'intérêt que l'on
prendra à cette plongée dans l'Alexandrie du temps de Clément aussi
bien qu'à la lecture de la première oeuvre de la littérature
chrétienne consacrée expressément au problème du rapport de la
richesse avec les exigences de l'Évangile (p. 16). Assumant toutes
les ressources de sa formation philosophique, appliquant fort
librement les citations bibliques tirées d'une lecture directe et
mémorisée, héritier de l'exégèse spirituelle de la tradition
chrétienne la plus primitive, Clément constate avec la gnose
l'incapacité (selon lui surmontable) de l'homme riche d'accéder au
sens mystique caché dans les paroles de Jésus et il offre de
remarquables principes doctrinaux sur la problématique fondamentale
du salut. Il s'agit avant tout de se détacher de la passion de
posséder, car le riche en biens peut l'être en vertus autant que le
pauvre peut représenter pour le riche un guide et un intercesseur
(ce que P. Descourtieux, que nous suivons, interprète comme «la
fonction sacerdotale du pauvre», p. 183) deux positions fort
éloignées du texte évangélique, mais susceptibles de montrer qu'il
est possible au riche de faire la justice…
Bibliographie et index habituels encadrent le texte grec (qu'on
trouve aussi sur le site de la Faculté des Lettres de l'Univ.
catholique de Louvain) et sa traduction française. Ainsi, «la
phrase sur les riches qui entreront difficilement dans le royaume
doit être écoutée de manière intelligente et non grossière,
simpliste ou matérielle car ce n'est pas ainsi qu'elle a été
prononcée» (p. 18,1); mais c'est toute la «parabole» du jeune
brigand construite comme exemple de repentir qu'il faudrait citer
pour se laisser convaincre par Clément qu'il s'agit en définitive
de ne jamais s'abandonner à un désespoir insensé (p. 42; cf. 38,
4). - N. Hausman scm