Après avoir étudié les multiples sens du concept de narcissisme
chez divers auteurs psychanalystes, l'auteure, psychothérapeute à
Neuchâtel, en relève chez Z. deux modèles, dont elle postule la
concomitance (faute de pouvoir fixer de stricts repères
chronologiques) et dont elle note l'ambiguïté: ou bien le mouvement
endotropique n'est pas luimême narcissique (le petit enfant nous
rend sensible une présence infinie), ou bien il est constitué à
partir d'une base narcissique originelle issue des déterminismes
biologiques (nous sommes tous infectés originairement). Aux yeux de
l'A., ce deuxième modèle, traditionnel, apparaît comme dissonant
par rapport à la majorité des écrits de Z., qui prônent l'absence
de dichotomie entre investissement du monde (art, science, relation
à l'autre) et vie spirituelle (qui nous détache non des choses mais
de l'attachement aux choses). La désappropriation radicale de soi,
passage du moi possessif au moi oblatif, qui tend vers l'union à
Dieu, parfait antinarcisse (que Z. oppose étrangement à la divinité
solitaire de l'A.T.), est qualifiée par l'A. de processus subtil et
fragile: elle y subodore la présence d'aspects régressifs et un
refus des limites inhérentes à la vie. Elle se dit consciente de ce
que son vocabulaire psychanalytique peut paraître abscons, et elle
termine sagement son ouvrage en mettant le lecteur en garde contre
la tentation d'un parallélisme sauvage entre psychothérapie et
démarche spirituelle. - P. Detienne, S.J.