Sacro/profano, impuro/puro nella Bibbia e dintorni

Paolo Sacchi
Sagrada Escritura - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Professeur de théologie biblique à l'Université de Turin, P. Sacchi cherche à comprendre dans la Bible l'évolution des notions de sacré/profane et de pur/impur à la lumière des idées des différentes époques de la Bible et en souligne l'évolution. Ces notions furent le fondement de la religiosité de beaucoup en Israël, et Mircea Eliade ajoute que «tout homme religieux croit qu'il existe une réalité absolue, le sacré, qui transcende ce monde». Sacchi montre que le problème du sacré implique celui de l'impur parce que, dans notre mentalité, sacré et impur paraissent plus opposés que différents, le premier étant positif et le second négatif. Mais aujourd'hui, en Occident, nous rejetons de plus en plus ces notions.
En parcourant les concepts d'impur et de sacré depuis les origines de la Bible jusqu'à notre temps, certains points apparaissent avec netteté et d'autres sont, par nature, difficilement analysables. L'obscurité de la perception du sacré éveille dans l'homme des sentiments de terreur et d'impureté, comme on le voit pour Isaïe 6,5. C'est Sacchi qui rapproche les notions de sacré et d'impur. Au début, l'impur est lié au péché. Le Lévitique énumère les sources de l'impur et Ézéchiel celles du sacré. Ézéchiel établit aussi la frontière entre le sacré et le profane. Le païen est exclu du temple parce que, impur, il contamine le lieu sacré. Le prêtre qui a célébré dans le temple doit changer de vêtements en sortant pour ne pas mettre le peuple en contact avec le 'sacré'. En Lv 19,2, Dieu dit:«Soyez saints (sacrés) parce que je suis saint (sacré)». L'homme arrive à ce sacré par l'observance des commandements.
Vers -500, on aperçoit un changement et Job sent l'impur de façon nouvelle: l'homme peut protester devant Dieu, mais, étant impur, il ne peut espérer le convaincre. Le contact avec les Grecs au IVe s. av. J.C., oblige à préciser les commandements qui indiquaient les normes de sainteté (cf. Lettre d'Aristée). À Qumran, l'homme est déclaré impur par nature et ne peut se purifier qu'en entrant dans la secte. Pour eux, impureté et péché sont presque synonymes. L'homme qui se purifie devient sacré (saint). Pour mieux distinguer le sacré divin, on invente alors le mot 'divinité'. Avec Jésus, les choses évoluent fortement: il supprime la distinction entre sacré et profane et interdit de jurer par quoi que ce soit. Le sens de l'impur est radicalisé et devient le péché, car tout provient de Dieu hormis le péché et c'est le péché qui rend l'homme impur (Mc 7 et Mt 15) en opposant l'homme à Dieu.
Par la suite, le judaïsme dira aussi que c'est la désobéissance à Dieu qui rend l'homme impur, tandis que, dans le christianisme, le sacré et l'impur feront leur retour (interdiction aux laïcs de toucher les hosties consacrées, les calices, les ciboires, etc.) - B.C.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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