Le titre de cette présentation de la théologie orientale attire
l'attention sur deux domaines essentiels où cette tradition apporte
à notre Église latine un point de vue complémentaire de grande
importance capable d'équilibrer nos vues et de les ouvrir, avec
Vatican II, sur une visée plus large et plus riche de l'oeuvre
divine. Pour nos frères orientaux, le salut est perçu comme étant
l'oeuvre de la Trinité tout entière dans la création,
l'incarnation, l'histoire du monde. Ce que Dieu a voulu dès
l'origine (et Vatican II l'a rappelé avec bonheur), c'est créer,
dans son Fils incarné et par l'oeuvre de l'Esprit, une humanité
tout entière appelée à partager son amour divin (ch. I). C'est
pourquoi ce projet est celui de notre «divinisation» (ch. II) et
celle-ci vise le salut total (corps et âme) de l'image de Dieu
qu'est tout être humain (ch. III). Ce salut a une dimension
christologique essentielle, grâce à l'incarnation et malgré
l'intervention contingente du péché des hommes (ch. IV), et une
dimension pneumatologique, car c'est l'Esprit qui vivifie les
individus et l'Église tout entière dans les sacrements (ch. V). À
sa place seconde sans être secondaire, le péché se révèle refus de
la communion offerte par Dieu (ch. VI). Par son incarnation, sa
mort et sa résurrection, le Christ et son oeuvre rédemptrice sont
la révélation totale et définitive de l'amour plein de compassion
de Dieu (ch. VII). Dans ce plan, une place unique revient à Marie,
Mère du Verbe incarné (Theotokos) et Toute Sainte (Panagia) (ch.
VIII). L'économie sacramentaire et spécialement les sacrements de
l'initiation (baptême-confirmation, Eucharistie) sont les signes
efficaces du salut (ch. IX). En conséquence, la collaboration de
l'homme fait appel à sa liberté, car c'est en observant «les
commandements de la liberté» et par l'ascèse que ceux-ci demandent
qu'est donnée à l'homme la force créatrice par laquelle il
reconstruit l'image selon laquelle il a été créé (ch. X).
On sera reconnaissant à l'auteur pour ces pages nourries de la
tradition orientale et des écrits des grands auteurs de
l'orthodoxie; elles sont une excellente introduction à ses trésors
et à tout l'enrichissement qu'ils peuvent nous apporter. - L.
Renwart, S.J.