Teilhard de Chardin. L'opera e le interpretazioni, 4a ed. aggiornata

Rosino Gibellini
Teología - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Cette quatrième édition mise à jour dit le succès de ce livre et l'intérêt des lecteurs pour Teilhard. Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) naît en Auvergne, entre dans la Compagnie de Jésus en 1899, est ordonné en 1911, fait la guerre de 14-18, devient docteur en sciences naturelles et enseigne à l'Institut Catholique de Paris. À l'intention de ses étudiants, il rédige quelques notes pour essayer de concilier le péché originel avec la théorie de l'évolution. Ces notes connues en haut lieu vont mettre une fin définitive à son enseignement et le faire expédier en Chine. Son exil dura de 1926 à 1946 avec quelques brefs retours en France. En Chine, il participe à des recherches géologiques et anthropologiques, puis dans divers pays d'Orient où il entre en contact avec des savants du monde entier qui apprécient son intelligence et sa compétence. Après la guerre, il rentre en France, mais, interdit d'enseignement, il finit par partir aux États-Unis pour continuer ses recherches et meurt brusquement à New York en 1955. Il a écrit livre sur livre, mais n'eut le droit de publier que quelques articles et de donner quelques conférences, alors qu'il souhaitait discuter ses idées avec les lecteurs de ses ouvrages. Ses amis se sont arrangés pour publier ses oeuvres après sa mort, ce qui fait 13 volumes, outre 10 volumes de lettres. Ses oeuvres ont passionné l'opinion pour ou contre lui et suscité un monceau de commentaires. Gibellini présente d'abord, en 80 pages, l'oeuvre globale de TCh, puis les différentes interprétations chez quelques auteurs représentatifs des diverses tendances. Dans sa conclusion, il offre une biographie sélective et signale que J.-P. Demoulin présente la meilleure anthologie de textes dans P. Teilhard de Chardin: Je m'explique (Seuil, 2005).
Dans sa conclusion, R.G. rappelle que les interprétations de TCh sont nombreuses et disparates. Garaudy, marxiste, relève les analogies avec le marxisme sur la dialectique de la nature et de l'humanisme conquérant. Le rationaliste Kahane reconnaît l'originalité et l'étendue des perspectives du jésuite, mais rejette son effort pour concilier science et foi. Le protestant Crespy salue son effort pour libérer la théologie de la scolastique, mais lui reproche de négliger les rapports avec la Bible et la révélation. Les catholiques vont d'une adhésion complète (Wildiers, Cuénot) à un refus catégorique (von Balthasar, Gilson, Maritain, l'Académie Pont. Romaine) ou bien passent par divers degrés d'adhésion, mais avec un bilan positif (Tresmontant, Rabut, Daniélou, de Lubac, Smulders, Rideau, Bruno de Solages…).
L'A. n'aborde pas les aspects proprement techniques de cette oeuvre. Au point de vue scientifico-philosophique, le point névralgique de la discussion réside dans la «méthode» résumée dans la phrase de TCh: «Le seul phénomène, mais en même temps tout le phénomène». C'est vraiment nouveau, aussi certains lui reprochent de confondre les plans scientifique et philosophique (Rabut), alors que d'autres justifient sa méthode nouvelle exigée par la nouveauté dans la façon d'aborder le réel; de Lubac y voit une synthèse entre analyses scientifique et philosophique; avec des nuances, cette «philosophie des phénomènes» plaît également à Rideau, Tresmontant, B. de Solages, car elle a prouvé sa fécondité. Mais on souligne que TCh a manqué d'une solide épistémologie (car il a eu une pauvre formation philosophique); par ex. au sujet de la double face de l'étoffe de l'univers et de l'origine de l'âme humaine, ou encore la nature de la gravitation évolutive, le Point Oméga, la vision de l'avenir et la métaphysique de l'union. TCh lui-même a reconnu que sa philosophie avait quelque chose de manichéen, parce qu'il n'avait pu trouver mieux pour exprimer «une direction de vérité» qui reste valable malgré tout. Sa vaste synthèse aide l'homme contemporain à pénétrer la structure fondamentale de l'univers. Le profil théologique de son oeuvre n'a pas rencontré moins de critiques. Pour certains, les thèmes chrétiens ont été dégradés ou déplacés ou décentrés. Avec des réserves, de Lubac souligne la nouveauté, la difficulté, la fécondité et la rectitude substantielle de son orientation; d'autres admirent cette théologie qui dynamise la christologie; certains mettent en valeur les axes eschatologiques de sa pensée ou sa valeur apologétique. TCh a lui-même écrit qu'il désirait concilier l'amour suprême pour Dieu et celui de la vie sous toutes ses formes, le langage de la science et celui de la théologie romaine. Il voulait rendre le langage chrétien compréhensible pour les hommes modernes. Mais on ne doit pas chercher chez lui un système théologique complet ou une christologie achevée; l'important est son intuition et l'orientation fondamentale de sa pensée théologique.
Cinquante ans après sa mort, force est de constater que sa pensée n'est plus à la mode, dit Gibellini, car la mode change vite et, depuis le concile, la problématique théologique a dépassé les limites de la perspective teilhardienne. Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est le coeur même de la foi chrétienne face au renoncement à trouver un sens dans les sciences ou la philosophie, lesquelles proclament «l'insignifiance de l'homme», ce qui est à l'opposé de la recherche teilhardienne. Mais il reste que ses oeuvres sont publiées et demeurent une source d'inspiration pour les amis de l'homme et pour tout chrétien conscient des larges dimensions du Christ universel.
On voit que l'ouvrage de Gibellini a l'avantage d'offrir en peu de pages une vue panoramique assez complète du «phénomène Teilhard» qui demeure un jalon important de la pensée chrétienne après avoir passionné les esprits pendant 25 ans. Voici une excellente introduction à l'oeuvre de Teilhard et la bibliographie aide à pousser plus loin. - B. Clarot sj

newsletter


the review


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80