Convaincu qu'une réflexion théologique sur la pluralité des religions ne peut s'élaborer de manière légitime et féconde qu'à la lumière d'une tradition particulière, l'A. propose dans la 2e partie de son livre une théologie chrétienne (et même catholique) des religions. S'interrogeant, à partir des textes de Vatican II et du magistère ultérieur, sur la valeur salvifique des religions, il met en valeur le rôle de l'Esprit Saint dans l'histoire du salut (Jean 14-16), tout en dénonçant la dérive qui conduit certains théologiens (même catholiques) à introduire une distance excessive entre l'Esprit et le Christ, l'Esprit et l'Église. Le modèle trinitaire est en fin de compte la seule source valable et le point de départ d'une théologie chrétienne du pluralisme religieux. Un dernier chapitre situe dans cet éclairage la question particulière de rassemblements au cours desquels les participants sont invités à une prière plurireligieuse et même interreligieuse.
Cet essai a le mérite de tenter un dépassement de catégories quelque peu stéréotypées (l'A. déclare récuser désormais l'«inclusivisme» aussi bien que le pluralisme) et de repartir d'une base proprement théologique. En revanche, lorsque l'A. interroge le magistère récent sur la valeur salvifique «per se» des religions, on peut se demander ce que cette expression signifie précisément (un salut indépendamment de l'action salvifique de Dieu?). Enfin le lecteur pourrait s'étonner, dans cette réflexion «trinitaire», d'un silence presque total sur le Père. Peut-être ces points seront-il repris dans une prochaine publication? - J. Scheuer, S.J.