Théologie du dessein divin chez Thomas d'Aquin. Finis omnium ecclesia, préf. Card. Chr. Schönborn

François Daguet
Teología - reviewer : Hubert Jacobs
Préfacée par le cardinal Christoph Schönborn, cette thèse de doctorat brillamment soutenue à la Faculté de Fribourg, en Suisse, constitue un ouvrage remarquable, «par l'ampleur de son sujet, l'audace et la profondeur de sa pénétration théologique, ainsi que par la maîtrise de l'oeuvre du Docteur angélique». Son intention est d'«embrasser, en un seul regard, la vision d'ensemble de Thomas d'Aquin sur le dessein créateur», et la signification qu'y reçoit le Mystère de l'Église. Certes, chez saint Thomas, il n'y a pas de traité d'ecclésiologie. Comment s'en étonner quand on sait que le premier en date de ces traités, dû à Jacques de Viterbe, est des années 1300-1301? Mais l'Église est partout présente dans l'oeuvre thomassienne, où elle tient «une place architectonique» qui en gouverne toute la théologie. C'est une «approche économique» qui paraît rendre le mieux compte de l'ecclésiologie de saint Thomas. Mais on ne peut ici se contenter d'une notion étroite de l'économie, ramenée à l'histoire du salut. Il faut la saisir dans toute son ampleur, dans le Mystère où est engagé le dessein de Dieu sur toute la création. N'est-ce pas là renouer avec la conception de nombreux Pères, à commencer par saint Irénée? Cette manière de voir n'a-t-elle pas été remise en lumière par le magistère contemporain, et surtout par Vatican II? On ne s'étonnera donc pas que telle est bien la perspective de saint Thomas, et l'A. entend précisément «montrer combien cette conception économique de l'Église est présente dans les analyses théologiques de saint Thomas».
Non seulement l'ordre du créé relève du projet créateur de Dieu, mais l'élaboration théologique thomassienne «répond à une conception d'un dessein divin ou d'une économie divine, en des termes précis et récurrents». Les discussions sur le plan de la Somme de théologie nous rappellent que les raisons structurantes de la théologie n'y sont pas évidentes. C'est que saint Thomas n'a pas explicité, en tel lieu déterminé de son ouvrage, les composantes du dessein de Dieu, tel qu'il le comprend. Mais l'A. est convaincu qu'il répond chez lui à des principes précis, que sa thèse se donne pour tâche d'exposer. Évidemment pareil propos entraîne l'étude des multiples développements donnés à ce sujet tout au long de son oeuvre. Il s'agit en conséquence d'y discerner son cadre d'ensemble et ses règles de composition. On se rend compte dès lors de la portée globalisante de cette thèse, traitant des anges et des hommes, et tout aussi bien de chacune de ces créatures que de leur ensemble. Mais comment atteindre, car il n'est pas directement exposé comme tel, le dessein divin sur la « société « des créatures spirituelles? L'articulation de deux économies, celle d'avant et celle d'après le péché est ici fondamentale, et elle gouverne tout l'ouvrage du Père Daguet. Prenant la posture du restaurateur d'oeuvres d'art, l'A., par ses analyses, nous permet de redécouvrir une perspective d'ensemble. Certes bien des recherches complémentaires et plus particulières seraient nécessaires, mais telle quelle, la thèse de l'A. nous fait admirablement contempler l'Église-mystère «sous le faisceau si lumineux du Docteur angélique». - H. Jacobs sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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