Si le titre de cet ouvrage peut évoquer la célèbre Fable
des abeilles de Bernard Mandeville, les conclusions de
Thomas, personnage de ce dialogue, s'opposent à celles du
philosophe des Lumières : ce n'est pas la présence du vice qui
assure la prospérité d'une société, mais bien le don des individus
qui la composent. En suivant un vieux prêtre apiculteur et
philosophe - double de l'auteur - le jeune Thomas passe
de l'incrédulité à une foi pour ainsi dire thomiste. Composé de
courts chapitres dans une écriture agréable, nous alternons les
sujets philosophiques et spirituels avec le processus de la
fabrication et de l'extraction du miel - décrit de façon
particulièrement appétissante, mais avec parfois un luxe de détails
qui aurait mérité quelques planches explicatives. L'initiation
spirituelle - quasi mystagogique - du jeune homme passe
pendant ce temps d'Aristote à Thomas d'Aquin, avec des détours par
Kierkegaard et sa théorie des trois stades, quelques illustrations
techniques et mathématiques, pour se terminer par deux ou trois
exégèses bibliques et une charge contre notre société nominaliste :
loin de Mandeville, décidément… - G. Kirsch