Cet ouvrage est la publication d'une thèse sur Balthasar présentée
en anglais à l'université de Fribourg sous la direction de Mgr
Schönborn. La pensée est organisée en deux parties inégales. Dans
la première partie, l'A. propose une christologie du Père,
c'est-à-dire une mise en évidence de la manière dont la mission
économique du Christ révèle personnellement, y compris dans sa
kénose, le visage de son Père. «L'outillage dramatique» élaboré par
Balthasar dans la Dramatique divine 1 (et notamment ce qu'il
appelle la triade de la production théâtrale: l'auteur, l'acteur et
le metteur en scène) structure le propos et y reçoit ses lettres de
créance. La seconde partie, qui s'achève sur une confrontation de
Balthasar avec certains de ses contemporains, est sans doute la
plus intéressante. L'A. y présente le coeur de sa thèse en
examinant comment le subsistere divin du Père fonde la
mission économique du Fils. Il n'élude pas les thèses les plus
controversées de Balthasar qui dessinent l'originalité de sa
théologie: la liberté infinie du Père et sa kénose intra-divine, sa
toute-puissance et la distance qui l'unit au Fils pour libérer
l'espace de sa liberté filiale, sa réceptivité paternelle et sa
dépendance intra-trinitaire comme chiffre de son amour paternel,
son immutabilité en lien avec son engagement personnel dans
l'auto-livraison du Fils.
Ce livre, à travers la problématique spécifique qui l'organise,
présente donc la théologie trinitaire de Balthasar et l'apport de
sa dialectique de l'amour divin interpersonnel à la théologie
latine traditionnelle. Le parti pris de circonscrire son analyse au
deuxième volet de la trilogie (La Dramatique divine) lui
permet de rendre raison de la cohérence de la théologie de
Balthasar sur l'économie créatrice et recréatrice, l'«unus de
Trinitate passus est» et le mystère de l'admirable échange
accompli sub contrario. De fait, l'A. restitue ainsi le dialogue
implicite de Balthasar avec Hegel et dispose les linéaments d'une
anthropologie théologique où peut être légitimée l'espérance d'un
salut universel. Est ainsi justifiée l'affirmation johannique du
Père «qui a tant aimé le monde». - A.-M. Ponnou-Delaffon.