C'est entre 1302 et 1326 que fut composé le monumental Memoriale
historiarum resté inachevé et qui se proposait de présenter
l'histoire du monde depuis la création. La richesse de l'oeuvre
provient de la grande variété de ses sources. Si elle est surtout
le fruit d'une compilation, le prologue par contre est bien de
Jean, de même que la méthode, le plan et la critique des sources.
Jean a le souci de classer et d'ordonner ses connaissances selon
les principes de son devancier, Hugues de Saint-Victor (†1141), qui
demandait d'interpréter l'Écriture Sainte dans son contexte
historique et géographique. Notre volume ne reproduit que les deux
versions successives du prologue du Mémorial des histoires, qui
prétend donner la clé de l'intelligibilité de toute l'histoire.
Selon Jean, en effet, tous les royaumes sont nés de la division des
4 royaumes primitifs: Scythes, Assyriens, Égyptiens et Arcadiens ou
Sicyoniens. Pour lui, l'histoire est animée d'une certaine
rationalité et par quelques principes dont le principal est la
division. Cette théorie doit beaucoup à Richard de Saint-Victor,
disciple de Hugues. Une lecture très attentive des Chroniques
d'Eusèbe et Jérôme et celles de Sigebert de Gembloux l'amena à voir
comment naissent, vivent et meurent tous les royaumes. Il fait
intervenir le droit naturel et la pensée aristotélicienne pour
trouver une solution aux relations entre le pouvoir impérial et le
pouvoir ecclésiastique ou spirituel, problème qui divisait
l'opinion à son époque. Malgré ses qualités, l'influence de cet
ouvrage inachevé fut plutôt minime, peut-être par suite de la
guerre de cent ans (1337-1453) et de la peste noire (1337-39) qui
fit périr 25 millions d'Européens.
On possède 13 mss du Memoriale historiarum, dont deux mss
privilégiés, peut-être autographes, qui semblent bien reproduire
les deux versions successives du Prologue de l'oeuvre. La version
courte est basée sur le ms Paris, Arsenal 1117, et la version
définitive sur le BnF,lat. 15.011. Les textes latins avec leurs
sources et quelques variantes font face à une traduction française.
La première version compte 20 pages de latin et la seconde 85.
Quatre index complètent l'ouvrage: biblique, des sources, des noms
propres et des lieux. - G. Leclair.