Nous sommes avertis dès la première page: ce que l'A. nous présente
ici n'est ni un traité théologique ni un cours universitaire mais
un enseignement proposé à de «simples chrétiens» dans le cadre d'un
centre spirituel. Le menu est varié: des considérations
philosophiques (les inclinations naturelles selon Cicéron, la vertu
chez Platon et Aristote, l'impératif catégorique de Kant),
patristiques (l'image et la ressemblance selon Irénée, Origène et
Augustin) et spirituelles (les passions selon Jean de la Croix)
côtoient les thèmes classiques (la loi et ses différentes formes,
la grâce et ses diverses modalités, les phases de l'acte humain),
illustrés par de très nombreuses, parfois fort longues, citations
tirées de la Summa. L'A. nous dit être à la recherche d'une morale
de qualité (et non d'obligation), une «éthique au service de la vie
spirituelle», qui n'a d'autre but que de conduire l'homme vers la
plénitude de la vie divine. Pour y parvenir, il présente comme
moyen privilégié (dans la ligne du Catéchisme de l'Église
catholique) la remise à l'honneur de divers concepts fondamentaux
que notre culture chrétienne contemporaine aurait tendance, dit-il,
à oublier. Il prend parti, avec Splendor Veritatis, contre
l'«option fondamentale». Le préfacier, Mgr J.-L. Bruguès, pose la
question capitale: «Et Jésus dans tout cela»? Un paragraphe lui est
consacré dans le chapitre concernant les passions, mais l'accent
est plutôt mis sur le Christ, instrument de notre divinisation,
dont la résurrection est cause instrumentale de la nôtre. Quant à
l'Esprit Saint, il est surtout présent dans ses dons, qui
correspondent aux béatitudes évangéliques (et aux demandes du
Pater): les attristés seront consolés par le don de force; les
miséricordieux sont mus par le don de conseil. - P. Detienne sj