Ce recueil, qui était sous presse peu de temps avant le conclave,
reproduit quatre textes du Cardinal Ratzinger, rédigés en 1992.
Dans son allocution lors de sa réception comme associé étranger de
l'Académie des Sciences Morales et Politiques des Instituts de
France (où il remplace Sacharow), il propose La Liberté, le Droit
et le Bien comme principes moraux dans les sociétés démocratiques.
Dans un article paru dans Communio, en réponse à la question
Qu'est-ce que la Vérité, il développe la signification des valeurs
religieuses et morales dans une société pluraliste. Dans le
troisième texte Si tu veux la paix, respecte la conscience de
chaque personne, publié dans Fides quaerens intellectum (Francke
Verlag, Tübingen), il traite de conscience et de vérité. L'ouvrage
se termine par une longue et importante conférence présentée lors
des semaines universitaires de Strasbourg: Glaube, Wahrheit,
Toleranz, un titre que le français traduit (!): Foi, religion et
culture. L'A propose, non pas une inculturation, mais une rencontre
des cultures: une interculturalité qui admet l'universalité
potentielle de toutes les cultures et leur ouverture intérieure les
unes aux autres. Pour lui, le pluralisme, dans sa forme radicale,
nie l'unité du genre humain; il prône dès lors l'inclusivisme,
censé être une rencontre dans une unité qui transforme le
pluralisme en pluralité. Il récuse l'expression régno-centrisme que
certains théologiens préfèrent à ecclésiocentrisme,
christocentrisme, théocentrisme. Pour lui, le christianisme a vu
ses préparations historiques dans la rationalité, et non pas dans
les religions. La rencontre de la foi de la Bible et de la
philosophie grecque était vraiment providentielle; l'ontologie des
Grecs est devenue l'expression indispensable de la foi chrétienne.
Par ailleurs, la foi chrétienne, qui porte en elle tout le grand
héritage des religions, pourrait permettre une vraie synthèse de la
rationalité technique et de la religion. L'homme est appelé à vivre
une double appartenance: sa culture historique et sa culture de
peuple de Dieu, basée sur la foi chrétienne, qui fait irruption de
l'extérieur. Conscient de ce que son exposé sans compromission
(bémolisé par un occasionnel Si je vois juste…) risque de ne pas
soulever l'enthousiasme unanime de ses lecteurs, l'A., les invite à
considérer le caractère inachevé de son essai, une esquisse, qui
pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses et qui,
espère-t-il, contribuera à faire avancer la réflexion. - P.
Detienne sj