Yves Congar. Testimonianza e profezia

A. Cortesi
Biografías - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Passionné pour l'unité des chrétiens, Y.M. Congar op (1904-1995) demeure un maître de la théologie, animé du désir d'une vraie réforme de l'Église dans la docilité au Saint-Esprit. L'Église et son mystère restèrent toujours au coeur de ses recherches. Les huit études de ce recueil furent présentées en 2004 à un séminaire dominicain portant sur son oeuvre immense, avec le désir de continuer ses recherches de théologie historique dans l'esprit de l'École du Saulchoir qui l'a tant marqué. Sa biographie par A. Cortesi souligne les étapes de sa pensée à partir des événements de sa vie. Dans sa ville natale de Sedan, il voit en 1918 le pasteur protestant accueillir les assemblées des catholiques dont l'église avait été bombardée. Ce fait a éveillé son esprit oecuménique. Sa mère le pousse très tôt à tenir un «Journal», pratique qu'il continuera tant qu'il put écrire. Il apprit ainsi à penser de plus en plus personnellement et à dépendre de sa conscience, ce qui le soutiendra face aux nazis et au Saint-Office. Il entre d'abord au séminaire des carmes à Paris, puis chez les dominicains en 1925, à savoir à l'École du Saulchoir émigrée en Belgique. Maritain et des cercles oecuméniques orientent sa vie vers l'unité des chrétiens. Prêtre en 1935, il devient professeur au Saulchoir. Il rencontre Cullmann, Berdiaev, dom L. Bauduin, Lialine, Couturier qui renforcent sa vocation oecuménique. Au Saulchoir, avec Gardeil, Chenu et les autres, il apprend à mêler l'histoire à ses études théologiques fondées sur la révélation et les Pères, en tenant compte des problèmes contemporains. Il projette un nouveau traité de l'Église et publie déjà «Esquisse du mystère de l'Église».
De 40 à 45, il est prisonnier de guerre en Allemagne. En 45, il redevient professeur au Saulchoir rentré en France, mais le livre de Chenu exposant la méthode théologique du Saulchoir a été mis à l'index en 42 et Chenu, exclu de l'enseignement. Lui-même est suspect au Saint-Office. Malgré tout il publie «Vraie et fausse réforme de l'Église» et «Jalons pour une théologie du laïcat». En 54, il est à son tour exclu de l'enseignement avec 3 autres dominicains et exilé à Cambridge. Mais en 56, Mgr Wéber l'appelle à Strasbourg. Jean XXIII annonce le concile en 59 et nomme Congar dans la commission théologique préparatoire.
Durant le concile, Congar prend de plus en plus d'influence pour amorcer une réforme de l'Église sans rupture. Il collabore de près avec «l'équipe belge» bien organisée et efficace et intervient dans la composition des principaux documents du concile. Ses grandes intuitions sont acceptées et passent dans les textes. Il lance une collection de commentaires des textes conciliaires et collabore à la revue «Concilium». En 68, il redevient professeur au Saulchoir et, en 72, aux Facultés catholiques de Paris. Il écrit encore deux livres importants: «Je crois au Saint-Esprit» (79-80) et «Diversité et communion» (82). Impotent, il est hospitalisé en 84, devient Cardinal en 94 et meurt en 95.
La pensée de Congar se forma autour des années 30, période de transformations culturelles importantes, écrit A. Salucci: Déclin du rôle du sujet, émergence de nouvelles disciplines telles l'herméneutique, la psychologie, l'approche scientifique de l'histoire, le processus de construction de la culture, la théologie ouverte au dialogue avec la culture. V. Caprara explique en quoi consistait la nouveauté de l'École du Saulchoir. P. Giacobbi précise la contribution de Congar à la redécouverte du Saint-Esprit en Occident grâce aux théologiens russes de la diaspora, Berdiaeff et Lossky. Après que Lagrange eut introduit l'histoire en exégèse, Chenu et le Saulchoir l'introduisirent en théologie, écrit A. Cortesi. Dieu se révèle et sauve dans l'histoire. L'Église progresse dans l'intelligence de la foi et comprend aujourd'hui que l'oecuménisme est une nécessité pour elle. Congar étudie les réformes des structures historiques et sociologiques de l'Église au cours des siècles, déclare A. Simoni, et conclut que toute réforme doit se faire dans la charité et la communion avec l'ensemble, dans la patience, en tenant compte de la tradition. Jean XXIII a rendu confiance à l'Église parce qu'il a laissé les évêques s'exprimer librement au concile, ce que n'a pas su faire Paul VI. Congar parlait de «la grâce du concile» parce que celui-ci avait apporté deux faits décisifs, dit Gibellini: l'ecclésiologie du peuple de Dieu et l'oecuménisme, deux points que Congar a contribué à faire découvrir dès avant 60 au risque de se rendre suspect. L'Église doit sortir de sa constitution lourdement hiérarchique et cléricale pour pouvoir faire face au pluralisme des cultures et des religions. Jean-Paul II a reconnu que Congar «a été un don de Dieu à son Église». Ce prophète humble et courageux que fut Congar mérite d'être mieux connu de tous les théologiens et rendra confiance aux chrétiens qui aiment une Église toujours jeune et vivante. - B. Clarot sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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