À la suite d'illustres aînés, Walter Kasper (Serviteur de la
joie, Paris, Cerf, 2007) qui, d'ailleurs, préface l'ouvrage,
et Joseph Ratzinger (Serviteurs de votre joie, Paris,
Fayard, 1990), ce livre se place sous la lumière d'une parole de
l'Apôtre : « Il ne s'agit pas pour nous d'exercer un
pouvoir sur votre foi, mais de contribuer à votre joie »
(2 Co 1,24). L'A., pallottin allemand enseignant à
Vallendar et consulteur auprès de la Congrégation pour le clergé
depuis 2017, signale ainsi sa perspective, non pas d'abord
seulement pastorale ou seulement théologique, mais spirituelle. Ce
titre dit aussi quelque chose de son thème (plus que de sa
thèse) : le sacerdoce ne peut se comprendre à partir de la
seule fonction (le ministère) ni de la seule théologie objective
(le sacrement de l'Ordre), mais se doit d'intégrer la
dimension subjective, voire affective (p. 35), d'union
joyeuse, voire enthousiasmante (p. 275s), au Christ. C'est
ainsi que l'A. traduit le character
indelebilis par « l'appartenance permanente au
Christ » (p. 154). Le plan et le contenu découlent de ce
point de vue résolument théocentrique (p. 27). Après une
description du contexte (chap. 1), l'A. accède vite au centre
qu'est l'union à Dieu (chap. 2) et le don de soi au Christ
(chap. 3 à 5), en particulier à travers l'Eucharistie
(chap. 6), pour en tirer des applications pour la pastorale
(chap. 7 et 8), et la vie des prêtres (chap. 9),
fructifiant en joie (chap. 10).
Si l'ouvrage se ressent fortement du contexte allemand qui est le
sien, si le style est beaucoup plus parénétique qu'argumentatif et
si l'articulation entre approche objective et approche
subjective-affective gagnerait à être pensée, l'on retiendra la
passion apaisée et confiante qui anime ces pages et l'insistance
sur l'appropriation par le prêtre du don qui lui a été fait le jour
de son ordination (le chap. 5 propose une heureuse méditation
du mystère du sacerdoce à partir de la liturgie de l'ordination).
« Ô Jésus, (…) vis dans tes prêtres ! Parle, agis, pense,
aime en tes prêtres et par tes prêtres ! » (p. 295
qui est la dernière). - P. Ide