Religieuse xavière, actuellement directrice de l'Institut d'études
religieuses et pastorales à l'Inst. cath. de Toulouse, Odile Hardy
livre en cette publication la thèse qu'elle a soutenue sur le
spirituel suisse Maurice Zundel. Son intention est de se placer au
centre de sa pensée pour montrer son apport spécifique, en son
objet, une apologétique de la foi chrétienne pour notre temps, et
en sa méthode que l'on pourrait présenter sous forme d'oppositions
sans exclusion : expérience vs exposé
systématique ; l'homme dans sa réponse au don de
Dieu vs l'objectivité du mystère divin ;
mystique du don vsmétaphysique de l'être ;
amour vs esprit (au sens
de nous) ; théologie
trinitaire vs théologie du Dieu un ;
pauvreté kénotique de l'amour
divin vs toute-puissance immuable de Dieu. Trois
chap. de taille croissante exposent successivement la raison
historique de la crise actuelle de la foi (à partir de la thèse de
philosophie peu connue que, en 1927, Zundel soutint sur le
nominalisme), sa raison existentielle (le problème du mal) et la
réponse qu'est l'exposé original du mystère de la Révélation
chrétienne.
Cette cinquième thèse en français consacrée à Zundel (les autres
étant celles de François Darbois, publiée en 1994, Marc Donzé,
publiée en 1981, Ramon Martinez de Pison Liebanas, publiée en 1990,
et Étienne Poulliot, présentée en 2003) possède le rare mérite de
prendre constamment du recul sur l'A., à partir de son contexte et
de son histoire. La conséquence en est qu'elle conjure le double
risque de la paraphrase et de l'apologie - sans perdre son
enthousiasme. Demeure une limite, minime : même si elle traite
d'un thème (la foi chrétienne), elle ne le transforme pas,
justement, en une thèse ; en épousant l'évolution de la pensée
de Zundel, elle demeure trop historique et ne s'affronte pas à une
problématique. - P. Ide