L'A., pasteur protestant, nous en précise l'esprit («Dieu souhaite
que l'homme parle avec lui») et la démarche «psalmique», qui
constitue le plan des chapitres: éloge, précautions, détresses,
lueurs, liturgies. La plupart des prières sont adressées à Notre
Dieu (plutôt qu'à Notre Père). L'A. passe fréquemment du je au nous
et inversement, parfois dans la même phrase, et il s'en explique.
Chaque texte se termine par un amen qui, nous dit-il, signifie:
c'est ainsi et c'est assez (deux pages), passons à l'action. Le
souci littéraire est constant: style rythmé, accumulation
d'expressions binaires ponctuées d'assonances, atmosphère parfois
biblique (avec relativement peu de citations textuelles) propice à
la méditation publique. Ce qui n'empêche pas l'A. d'accueillir des
formules étonnantes (rends-nous orgueilleux de toi; nous
intercédons pour les poissons; le cynisme de ta vérité…) et des
incursions improbables (Coca Cola, Édith Piaf…). Ici et là affleure
une préoccupation pour la justice sociale. Retenons les passages
qui résonnent comme des confidences: préserve-moi de me croire le
porte-parole des autres… préserve-moi des indignations faciles…
fais que je cesse de blâmer l'Église pour me dispenser moi-même d'y
travailler… Fais que nous ne nous servions pas de la bonté des
non-croyants pour dénigrer les croyants. - P.-G.D.