Sous ce titre quelque peu énigmatique (« Du clou à la
clé »), les neuf (excusez du peu !) professeurs du
département de théologie fondamentale de la Fac. de théol. de
l'Univ. Grégorienne proposent, sous la houlette de Michelina
Tenace, un bien intéressant ouvrage collectif de réflexion sur la
théologie fondamentale du pape François. Comparant le magistère
actuel à celui des papes précédents (hors la
troisième intervention), chaque enseignant offre autant de
points de vue complémentaires sur la nouveauté qu'il apporte :
pour M. Tenace, la tension entre le « clou qui
ferme » et la « clé qui ouvre », c.-à-d. une
théologie ouverte à la prière et à la vie des hommes ; pour
Joseph Xavier s.j, la foi comme réponse à Dieu, chemin du
peuple de Dieu et appel à la mission ; pour M.C. Aparicio
Valls, la Parole de Dieu ; pour Ferenc Patsch s.j., la
logique contextualisée, donc la méthode inductive ; pour
Stella Mora, l'intégration de la pastorale dans la théologie, par
une vision collective, donc ecclésiale, de la personne ; pour
Andrew Downing s.j., l'inscription de la foi dans une vision
historique elle-même ouverte à l'avenir ; pour Nicolas
Steeves s.j., une théologie imaginative, c.-à-d. l'image
comme locus theologicus ; pour Gerard
Whelan s.j., une méthode théologique caractérisée par trois
traits, le discernement, la méthode inductive et l'option
préférentielle pour les pauvres ; pour James
Corkery s.j., la continuité avec les 4 papes
post-conciliaires et une quadruple innovation (notamment dans
l'équilibre entre Lumen
gentium et Gaudium et spes, c'est-à-dire
entre la communion de l'Église ad intra et son
dialogue avec le monde ad extra).
L'ouvrage n'évite pas quelques répétitions, ni les herméneutiques
de la rupture (F. Patsch) ou de l'auto-référence, par nature
absolutisée (M.C. Aparicio Valls), mais l'ensemble, de bonne
tenue, est le premier travail permettant de penser théologiquement
l'approche inédite d'un « évêque de Rome » (titre que le
pape François préfère) jésuite et sud-américain. - P. Ide