Enrichi de son expérience de visiteur d'hôpitaux (qui lui a inspiré
un ouvrage intitulé Au-delà de la souffrance. Une malade témoigne,
Kinshasa 2004), et encouragé par AJAN, réseau jésuite africain
contre le sida, l'A., jésuite congolais, présente une version grand
public du mémoire qu'il a consacré à «une lecture de Job à la
lumière de la pandémie du sida en Afrique». La conception
africaine, exposée ici à travers divers mythes, oppose à la mort
naturelle (de ceux qui, après une vie longue, prolifique et
vertueuse, sont enterrés dignement et deviennent ancêtres
bienveillants) la mort non-naturelle dont un devin désigne le
responsable, un 'sorcier' qui souvent appartient à la famille du
défunt. Cette notion de mort non-naturelle invite l'A. à considérer
la théologie de la rétribution proposée par les amis de Job. Il lui
oppose ce qu'il appelle la théologie de la vie, illustrée par la
prière-lamentation de Job, qui témoigne de ce que la souffrance et
les questions qu'elle suscite peuvent devenir un lieu de rencontre
avec Dieu: Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant
mes yeux t'ont vu (Jb 42,5).
L'A. est conscient des problèmes que pose sa présentation quelque
peu déroutante: d'une part, un texte savant étayé par des
interprétations de racines hébraïques et entrecoupé de citations
anglaises non traduites; d'autre part, des récits autobiographiques
émouvants, où l'A. se voit à la place d'Eliphaz, Bildad et Zophar.
Le lecteur aurait apprécié une référence aux textes
néotestamentaires (Rm 8,18, Col 1,24…) qui éclairent de manière
plus convaincante le mystère de la souffrance chrétienne. L'ouvrage
reproduit en annexe un message des évêques d'Afrique et de
Madagascar, qui présente de précieuses recommandations concernant
le sida: fidélité, responsabilité, solidarité. - P. Detienne sj