Il s'agit d'un recueil posthume de textes composés par le P. Louis
Lallemant (1588-1635), à Rouen, entre 1622 et 1631, à l'intention
principalement de jésuites en formation spirituelle. De caractère
composite (conférences, petits traités, avis pratiques…), sans
souci de synthèse, partiellement inspiré par le schéma des
Exercices Spirituels. La présente édition y intègre
plusieurs textes importants que le premier éditeur (Campion, 1694)
attribuait au P. Rigoleuc, disciple de L. Lallemant. En addition,
une série de notes parallèles, glanées en 1630 par un autre
disciple, le P. Surin. Ce que Lallemant propose comme une
spiritualité ignatienne, dont il vante le caractère universel, est
une mystique de service qui repose sur deux piliers: la docilité à
la conduite du Saint-Esprit et la garde du coeur. Le discernement
des esprits, pratique rétrospective de l'examen de conscience,
devient ici comme une seconde nature, un réflexe, une élection
permanente: lorsque le «contemplatif en action» prend une décision,
la décision apparaît comme se prenant d'elle-même. Lallemant,
accusé parfois de mysticisme intempérant, préserve bien le
christocentrisme ignatien: l'Esprit auquel il nous invite à nous
abandonner est bien l'Esprit de Jésus-Christ. Notons quelques
expressions: oraison pratique; amour passif; amour propre, sans
trait d'union; franchir le pas (allusion à la «seconde conversion»,
entrée dans le chemin de la perfection). En appendice: la vie du
Père Lallemant (Champion, 1694) et quatre lettres du même. - P.
Detienne sj