Après une admirable préface qui fait exactement le point sur
l'impossible réception de la canonisation de Soeur
Thérèse-Bénédicte de la Croix par la communauté juive, la belle
traduction française de cet ouvrage sur Edith Stein comblera ceux
que les publications récentes autour de la nouvelle co-patronne de
l'Europe laissaient encore irrésolus. On sait en effet que l'oeuvre
de l'illustre philosophe ne peut encore être appréhendée en
totalité par le public francophone; d'autre part, L'histoire d'une
famille, rédigée par Edith Stein elle-même et dont la publication
(issue des milieux du Carmel) est imminente en français, ne suffit
pas à décrire l'émergence d'une figure spirituelle certes
admirable. C'est du sein de sa famille juive même que devait venir
l'écho indispensable à la vérité. Sa nièce Suzanne nous offre
ainsi, après quelques rappels d'usage, une série de portraits de la
vie juive, des ancêtres, de l'enfance et de la jeunesse d'Edith, et
de la haute figure de sa mère («ma grand-mère, la matriarche»), de
la maison que l'auteur a partagé avec sa tante, de Göttingen, etc.
On ne raconte pas un tel ouvrage, dont le but se décline dans le
dernier chapitre: «pour une meilleure compréhension entre
catholiques et juifs». Bien des douleurs sont évoquées, au passage,
avec la remarquable pudeur de ceux qui n'ont cessé d'aimer Edith,
malgré ses outrances (touchant en particulier les parents de
l'auteur), sa conversion, son entrée au Carmel. Un ouvrage
contemporain (la réflexion nous conduit jusqu'à la béatification)
qui nous découvre les racines d'une sainteté tout ensemble juive et
chrétienne: il n'y a pas ici à choisir. Le livre s'achève sur une
bibliographie des oeuvres littéraires d'Edith Stein (avec la
mention des traductions françaises), une liste des sources, un
index des patronymes et toponymes. - N. Hausman, S.C.M.