Après les Écrits de la maturité (1664-1689) publiés en 2007, voici,
réunis sous un seul titre Entrée à la Divine Sagesse, et présentés
dans un ordre d'importance décroissant, six «écrits de jeunesse»
(1652) de Maur de l'Enfant-Jésus (1617-1690), mystique carme,
apôtre de la Réforme de Touraine. Le premier texte, le plus long et
le plus complet, Théologie chrétienne et mystique, décrit un
parcours allant de la renonciation à soi jusqu'à la consommation en
Dieu: de la recherche active de Dieu à un abandon absolu à l'action
divine. Les autres traités exposent la même doctrine de diverses
manières. Le Sanctuaire de la divine Sapience distingue trois
états: d'activité amoureuse, d'anéantissement, de vie ressuscitée
en Jésus-Christ. La Montée spirituelle propose huit degrés:
maîtrise des sens extérieurs, imitation du Christ, amour de Dieu
parce qu'il nous aime, regard sur Dieu comme infiniment aimable en
soi… Dans Exposition des communications divines, les divers états
sont étrangement proposés en sens inverse: le neuvième et dernier
état est appelé «sortie du péché et entrée dans la grâce». Après un
court Traité de la fidélité de l'âme à son Dieu, l'ouvrage se
termine par Les trois portes du palais de la divine Sapience, un
dialogue entre un ermite et «chère Angélique» (qui, dès 1655,
devient «cher disciple»). L'A. avoue combien il est difficile
d'enseigner les pratiques qu'on doit exercer. Et il termine ses
exposés en réaffirmant son unique souci de la gloire de Dieu et du
bien des âmes, dans un attachement total et indéfectible au
jugement de la sainte Église. Les textes sont uniformément clairs,
agréablement rythmés, et chaleureux. Citons-en deux phrases: « Le
commencement de la Sagesse, c'est de soupirer après elle »; « Si
les fleurs demeuraient toujours fleurs, jamais nous ne mangerions
de fruits ». - P.-G.D.