Une oeuvre multidisciplinaire (liturgie, théologie, spiritualité,
pastorale, histoire, art, législation) à laquelle ont collaboré 81
rédacteurs d'horizons variés, dont neuf évêques et quinze femmes.
La première partie, après avoir proposé une approche
anthropologique de l'eucharistie, en présente les racines
proche-orientales et juives (A.T. et judaïsme intertestamentaire).
La deuxième partie consiste en une douzaine de chapitres
chronologiques, couvrant vingt siècles d'histoire. Notons
l'importance théologique et ecclésiologique de l'épiclèse… et
l'audace de Thomas d'Aquin (S. Th. IIIa, 78,1, ad 1m) qui, soucieux
d'harmoniser l'Évangile avec son système doctrinal, a corrigé Mt
26,26: le Christ bénit le pain. La troisième partie traite de
l'Eucharistie aujourd'hui. Elle s'ouvre sur une présentation du
déroulement de la messe rénovée par Vatican II… et soumise, en
divers pays, à une inculturation que rend timide et timoré le souci
de sauvegarder l'unité substantielle du rite romain: on reporte le
confiteor après les lectures bibliques (au Congo), mais on continue
d'utiliser du vin (importé de l'étranger) dans des régions où le
vin est tabou. Après un intermède d'iconographie eucharistique
commentant vingt-huit représentations en couleurs, vient la pièce
de résistance: une étude austère, à la fois liturgique,
sacramentelle et ecclésiologique, du P. Tillard, suivie des points
de vue orthodoxe (O. Clément) et protestant (A. Birmelé). Le reste
de l'ouvrage est consacré à la pastorale, avec pour devise:
liturgie vivante, communauté active, laïcat responsable. Le lecteur
y apprend que des latitudes laissées par le Concile n'ont jamais
été exploitées (p. ex. les monitions aux fidèles pendant le canon);
que la concélébration, dont le récent catéchisme ne dit mot, n'est
pas un acte collégial; que les femmes n'ont pas accès aux
ministères laïques de lecteur et d'acolyte; que le précepte
dominical concerne uniquement la célébration eucharistique (canon
1247), le repos des activités ayant cessé d'être présenté comme une
fin en soi; que la réception du viatique est une obligation (c.
921) et qu'elle se fait idéalement lors d'une eucharistie célébrée
à domicile… Un chapitre est consacré à la messe télévisée, dont
Guardini et Rahner étaient de farouches adversaires. L'ADAP,
pratiquée différemment en divers pays, fait l'objet de plusieurs
articles: le directoire de 1988 précise qu'elle se fait en dehors
du sanctuaire, que le laïque qui la préside a «un rôle supplétif et
non une véritable fonction» et qu'il ne peut utiliser les préfaces
du missel. Trois types de paroissiens font l'objet d'une étude
particulière: les handicapés, les immigrés, et les divorcés
remariés, dont la situation douloureuse est l'objet de l'émouvante
sollicitude des évêques allemands. Trois chapitres traitent de la
catéchèse: enfants, jeunes, adultes. Une section concerne les
congrès eucharistiques et leur engagement social: le congrès de
Séoul a encouragé le don de sang et d'organes, et l'adoption
d'enfants abandonnés. Un chapitre oecuménique étudie la pratique de
l'eucharistie chez les orthodoxes, les anglicans, les luthériens,
les réformés, les méthodistes, les baptistes, les Disciples du
Christ… et le P. Tavard attire notre attention sur ce qu'ils ont
tous à nous apprendre. Notons la proposition de reporter la
première communion après la confirmation (ce qui faciliterait le
dialogue avec les Églises orthodoxes) et la suggestion que le terme
transsubstantiation n'est pas indispensable à l'affirmation de la
présence sacramentelle du Christ. Le dialogue interreligieux n'est
pas absent; un chapitre étudie le sacrifice dans l'hindouisme et
dans l'islam. Les derniers articles évoquent l'avenir de
l'eucharistie dans chacun des continents. En appendice: glossaire,
notices biographiques eucharistiques, index thématique et
onomastique. - P. Detienne, S.J.