OEuvre de Thomas a Kempis, «dévot moderne» nourri de lectio divina
(lecture priante de la Bible), le De Imitatione Christi est
profondément marqué par la Vulgate. L'A. y relève plus de 3800
citations littérales ou paraphrasées, allusions explicites ou
implicites, échos plausibles ou conjecturaux. Tous les livres de la
Bible, à l'exception de Ruth, Jonas et Aggée, sont cités. Le
psautier et Matthieu sont les sources les plus fréquemment
utilisées. Les citations littérales sont constituées de 2 à 25
mots. Leur auteur (le prophète, Luc…) est parfois cité. Certains
passages s'inspirent de plusieurs textes bibliques jusqu'à former
des catenae. Parmi les altérations stylistiques, mentionnons les
jeux de mots (bona vita pour via bona; antiqua consuetudo pour
iniqua consuetudine; arta vita pour arta via…) et les changements
de sens (frigidi et tepidi au lieu du tepidus es et nec frigidus de
l'Apocalypse). Rassemblant les quelque 300 textes bibliques cités
plus d'une fois dans le De Imitatione Christi, l'A. reconstitue une
«Bible courante» en trois parties (évangiles; N.T. autre
qu'évangiles; A.T.), dont il considère la prière qui clôt le 3e
livre comme un beau résumé. Il suggère plusieurs pistes pour des
recherches ultérieures: le rythme des phrases et la mnémotechnie
(l'ouvrage a été longtemps appelé musica ecclesiastica); les
sources bibliques modifiées par la liturgie; les influences non
bibliques: Augustin, Bernard, Eckhart, Tauler…; le texte résiduel…
N'oublions pas la préface: elle traite des manuscrits, des
éditions, de l'auteur, du contenu et de l'influence de l'ouvrage
(sur Renan, Bonhoeffer, Agatha Christie…) ainsi que du rôle de la
lectio divina dans la Dévotion Moderne et du rôle de l'Écriture
dans l'oeuvre de Thomas a Kempis. Superbement édité. Facilement
consultable. - P. Detienne, S.J.