En vertu d'une décisive mais non moins arbitraire prise de parti contre les charismes pour la mystique seule, la théologie serait paradoxalement grevée d'Irénée à H.U. von Balthasar (se référant à P. Claudel) d'un vaste oubli, celui de la «chair». Ce sévère verdict balthasarien, loin de clore la théologie sur un échec l'ouvre au contraire (ou la ré-ouvre) à son premier et indépassable étonnement : le Verbe « devenu » chair. Entendre le Verbe de cette Chair et toucher la chair de ce Verbe, c'est accepter, hier comme aujourd'hui pour le chrétien, d'entrer dans l'enfoncement/enfouissement sans parole du Crucifié en sa chair. Alors seulement renaîtra-t-il avec lui à la chair, d'autant plus charnelle qu'elle surgit comme le langage - premier délibérément choisi par Dieu - pour (se) dire (à) l'homme.