Dans son De vero cultu, l'avant-dernier tome du grand oeuvre qu'il
consacre, vers 310, à la défense du christianisme persécuté,
Lactance traite de la virtus et de la justitia, dimensions morale
et spirituelle du culte dû à Dieu. S'adressant à des lecteurs
non-chrétiens, il n'invoque qu'indirectement des arguments
bibliques: Dieu prescrit, Dieu promet… Il cite Lucilius qui, dans
ses Satires, présente erronément la vertu comme une science; il
cite Sénèque, ce philosophe qui a «effleuré la source même de la
vérité»: potuit esse verus Dei cultor. Il cite Cicéron, qui décrit
superbement la «vraie loi», conforme à la nature, accessible à tous
et dont Dieu est l'auteur; malgré sa générosité étriquée et son
hospitalité élitiste, Cicéron a fait montre d'une intuition quasi
prophétique. Lactance raille l'apatheia des stoïciens: immobile
hébétude. Il prône le bon usage des 'affects': ils sont bons s'ils
sont contenus dans de justes limites, ce que seule rend possible la
connaissance de Dieu. En conclusion: le verus Dei cultor offre à
Dieu un sacrifice chaque fois qu'il fait un acte de bonté et de
piété. Quant au médecin de l'âme, ce n'est pas la philosophie, mais
«Celui qui a rendu leurs jambes aux boiteux et la vue aux
aveugles». Dans son introduction, la traductrice, Christiane
Ingremeau, relève d'importantes différences entre le contenu de ce
tome et les passages qui lui correspondent dans l'Épitome, ouvrage
postérieur de Lactance. - P. Detienne sj