Jésus et les musulmans d'aujourd'hui, éd. revue et mise à jour

Maurice Borrmans
Théologie - Recenseur : Paul Detienne s.j.
L'A., des Missionnaires d'Afrique, islamologue, après avoir, à partir des versets coraniques mecquois et médinois, reconstitué une vie Jésus (son origine, sa mission, sa fin dramatique, son identité), se tourne vers les sources contemporaines. Laissant de côté tant les homélies (khutba) du vendredi et les conférences de ramadan que les émissions de radio et de télévision, cassettes et vidéo-cassettes, il suit la trace de Jésus dans les textes imprimés. D'abord les manuels et les catéchismes (jordaniens, syriens, marocains); puis les quatre grands commentaires (tafsîr) du XXe siècle; ensuite, les traités et les publications des théologiens contemporains; enfin les oeuvres littéraires, surtout égyptiennes, et les poèmes (irakiens et palestiniens). L'A. relève quelques constantes: Jésus, célibataire, né d'une vierge, accomplit des miracles «avec la permission d'Allah»; toute idée d'incarnation et de rédemption est exclue. L'A. recherche les sources des ouvrages analysés: les évangiles canoniques, les écrits modernistes (Sabatier, Renan, Loisy), le très intéressant Évangile de Barnabé, dans lequel Jésus joue le rôle de Jean-Baptiste par rapport à Muhammad, qui est le Paraclet: lors de son arrestation, «des anges ont enlevé Jésus par la fenêtre» et c'est Judas qui a été crucifié. La référence à un sosie est fréquente: «Jésus changeait d'aspect comme il voulait», comme à la transfiguration.
Tous les textes étudiés sont écrits en arabe, sauf la Compréhension du Coran, dont se réclament divers courants fondamentalistes, que le Pakistanais Mawdûdî a composé en urdu; et le Traité moderne de théologie islamique (1985), que Si Hamza Boubakeur, recteur de l'institut musulman de la mosquée de Paris, a rédigé en français: il nous y apprend que «Salomé, fille de Zébédée, s'attacha à Jésus et l'accompagna jusqu'au supplice». L'A. cite de beaux passages: «l'ange souffle dans le pli de son corsage et Marie est enceinte de Jésus» Retenons surtout La Cité inique (1954) de Kâmil Husayn, qui est une très émouvante évocation du Vendredi Saint, et le roman allégorique Le Fils de la Medina, de Nagîb Mahfûz, prix Nobel de littérature, mal reçu en Égypte, publié à Beyrouth en 1967. L'A. conclut: le dialogue islamo-chrétien, possible au niveau de la mystique, ne peut s'instaurer autour de Jésus. La première édition datait de 1996; la présente mise à jour inclut une analyse de Un musulman nommé Jésus, de Tarif Khalidi, professeur à Cambridge. Recommandé. - P. Detienne sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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