Jacques Maritain. La sanctification du monde profane. Généalogie théologico-politique
Nicole RolandThéologie - Recenseur : Jean Burton s.j.
La position de Maritain (1882-1973), « pratiquement (…) libre penseur forcené » (p. 13), engagé auprès des plus démunis durant sa jeunesse, est devenue, à ce sujet et à celui de l'engagement spirituel qu'il requiert, celle d'un converti très critique. Persuadé d'assister à la « liquidation d'une époque (…) il pensera la sienne en réactualisant le concept paulinien de katekon (2 Th 2,3-7) en tant qu'obstacle à la désintégration de toute choses ». Il est en cela proche de la pensée de Schmitt lisant le prophète Daniel (Dn 5,5-28). Il en relèvera l'ambiguïté et proposera une réflexion « qui pèse le politique à l'aune de la Parole de Dieu : tel est le positionnement de Jacques Maritain » (p. 123).
Le travail de thèse extrêmement fouillé de Nicole Roland donne la place qui lui revient à la pensée de Maritain. Celle-ci, démontre l'A., a résisté au jugement rapide de la « théologie de la libération » qui ne voyait en elle qu'un « mythe », et son sens de la prospective (ayant aussi éprouvé la réalité de la « sécularisation ») « peut être considérée comme de nature prophétique pour le nouvel âge qui s'ouvre » (p. 14). Il ne s'agit pas de reconduire la position antagoniste des « deux Cités ». Sans oublier l'avertissement du Christ : « Mon royaume n'est pas de ce monde », il s'agit de chercher encore comment en annoncer, dans les demi-teintes du temporel, la primauté actuelle de son appel. - J. Burton s.j.