Comment agir en chrétien? Telle est la question qui motive nos
choix en tout domaine (politique, économie, justice sociale, vie
quotidienne) et dont la réponse varie selon les temps, les lieux,
les confessions. L'A, théologienne à l'université de Chicago,
récapitulant les efforts de deux mille ans de théologie, recherche
à sa manière (face aux objections contradictoires du monde moderne)
le coeur du problème: la signification de Jésus Christ pour la vie
dans le monde, qu'elle base sur deux principes: la radicale
transcendance de Dieu et, conséquemment, la non-concurrence entre
Dieu et les créatures. Après avoir revisité la christologie
chalcédonienne (possibilité de l'incarnation; le Verbe, seul sujet
des actions de Jésus), l'A. étudie la structure théologique des
relations: dans la Trinité (unité d'essence, co-inhérence, action
indivisible en trois modes distincts et permanents); dans la
Création (co-inhérence non mutuelle; dépendance continue); en Jésus
(unité d'hypostase: les actions de l'humanité de Jésus, assumée par
le Verbe, sont celles par lesquelles Dieu sauve); en nous (seconde
naissance: ce n'est pas notre humanité qui est assumée par le
Christ, mais nos personnes déjà formées; le Christ est le Verbe;
nous ne sommes pas le Christ). Se pose alors la question des
conséquences, dans notre vie humaine, de notre relation au Christ
et à la Trinité: notre don est inconditionné et donc universel;
dans la communauté humaine, donner et posséder ne sont pas en
concurrence. L'A. termine par une considération eschatologique: la
vie éternelle est mieux exprimée en termes 'spatiaux' (la vie en
Dieu) qu'en termes temporels. Notons que, dès les premières pages,
elle se dit consciente de la difficulté d'atteindre à la simplicité
et à l'élégance requises dans l'élucidation théologique qu'elle
entreprend. - P. Detienne, S.J.