Joseph Ratzinger et l'Église. La place des nouveaux mouvements

Dominique Waymel c.s.j.
Théologie - Recenseur : Gonzague de Longcamp c.s.j.
Il n'existait pas encore en français de monographie aussi précise sur l'ecclésiologie de Ratzinger. C'est à n'en pas douter la première qualité de cet ouvrage qui impressionne par l'étendue de sa connaissance des écrits ratzingériens.
Il n'est pas évident de s'attaquer à une oeuvre aussi ample. D'abord, parce qu'elle est celle d'un théologien, d'un évêque, du préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi et aussi celle d'un pape. Les écrits pontificaux étant d'une autre nature que ceux du théologien, l'A. se borne à étudier les textes antérieurs à 2005. Une autre complexité réside dans le fait que le théologien bavarois n'a jamais voulu faire une ecclésiologie systématique. Nombre de ces écrits sont des conférences, des réponses à des questions précises. Il n'était donc pas simple de choisir et de démêler un fil conducteur.
Là encore, Sr Dominique Waymel fait preuve de brio. Pour chercher à comprendre comment Ratzinger voit la place des nouveaux mouvements dans l'Église, elle commence par situer son ecclésiologie en trois étapes. D'abord, l'ecclésiologue ne travaillant jamais « hors-sol », elle dégage les influences majeures du théologien bavarois (chap. 1), avant de se centrer sur ce qui lui semble être la question fondamentale, celle de la nature de l'Église (chap. 2). Consciente des critiques auxquelles le théologien a pu prêter le flanc, l'A. prend un temps d'arrêt précieux pour mettre en lumière certains « éléments de l'épistémologie de Ratzinger » (chap. 3), qui permettent de mieux entrer dans sa perspective théologique.
Grâce à cette étude, on perçoit combien Ratzinger, grâce à son enracinement patristique, a été le promoteur d'une ecclésiologie de communion fondée sur l'Eucharistie et l'épiscopat.
Le but de l'A. n'est pas de présenter une ecclésiologie générale, mais de donner les fondements de la théologie des nouveaux mouvements dans l'Église. Elle se concentre donc sur cette problématique à partir du 4e chap. en analysant d'abord l'articulation entre ministère pétrinien et ministère épiscopal, pour se concentrer ensuite sur l'importance des nouveaux mouvements dans l'Église et du discernent épiscopal à leur égard.
Pour qui étudie de si près un auteur, il n'est pas évident de garder un recul critique suffisant. C'est là encore un des mérites de l'ouvrage d'avoir l'audace de pointer ce qui apparait à son A. comme des faiblesses de l'ecclésiologie de Ratzinger, même si certaines critiques paraissent un peu rapides. Certaines incohérences entre les fondements théologiques et les prises de position d'un théologien devenu préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sont-elles des failles théologiques ? Ne tiennent-elles pas simplement à la différence épistémologique entre le travail d'un théologien et celui d'un cardinal ? On peut d'ailleurs se demander s'il était légitime de donner tant de place à Communionis Notio au début de l'ouvrage. Cela ne constitue-t-il pas une sorte de « biais » pour aborder l'ecclésiologie de communion telle que Ratzinger la développe qui conduit à un faux-procès ?
À ces réserves près, l'ouvrage est un incontournable de la littérature francophone pour qui veut comprendre l'ecclésiologie de Ratzinger. - G. de Longcamp c.s.j.

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