L'être et le bien. Relecture phénoménologique
Yves MeessenPhilosophie - Recenseur : Gonzague de Longcamp c.s.j.
Poser la question du rapport de Dieu à l'être revient à articuler à frais nouveaux le langage de l'être et de l'amour. Telle est bien la recherche qui nous est proposée. Pour répondre à la critique heideggerienne sans céder à une mode ou à un excès théologique, l'A. va revisiter trois figures de théologiens qu'elle interpelle: Augustin, Thomas d'Aquin et Maître Eckhart.
L'écriture est à la fois dense et extrêmement pédagogique. L'A. est précis et respectueux de la pensée des auteurs qu'il analyse. À chacun des trois théologiens fait écho une topique heideggerienne qui n'hésite pas à remettre en cause des points que la pensée contemporaine aurait pu considérer comme acquis.
Si tout le cheminement est remarquable, c'est dans la 3e partie, sur Maître Eckhart, que l'A. est le plus à l'aise et que la pensée se fait à la fois la plus dense et la plus magistrale. Selon lui, c'est le maître thuringien qui renouvelle le plus profondément la question de l'être et remet en question les rapports de la philosophie à la théologie.
Dans sa relecture phénoménologique, l'A. montre bien les points déficients de la critique heideggerienne. On pourrait pourtant faire mieux encore justice à la métaphysique de Thomas d'Aquin. En effet, la critique heideggerienne de l'Aquinate s'appuie sur une compréhension non adéquate, nous semble-t-il, de concepts clés de la pensée du Stagirite. Une juste compréhension de la causalité finale permettrait d'ouvrir un vaste champ de dialogue sur les rapports de l'être et du bien. -G. de Longcamp csj