«Saisir l'esthétique de la révélation - l'acte du Christ qui se rend visible -- dans la mise en oeuvre artistique, tel est le propos de cet ouvrage.» Et ce «propos» est magistralement tenu. À plus d'un titre. D'abord - et l'intention en est affirmée d'entrée de jeux dans l'introduction, admirablement nommée «Plénitude sur Plénitude» - grâce à la pénétration théologique de ce qui se nomme «christianisme», c'est-à-dire l'acte du Christ dans l'histoire, à savoir dans l'agir et l'apparaître de l'Église et ensuite, grâce au dévoilement de l'essence de l'art et de sa plénitude chrétienne.
De ce double émerveillement, les quatre premiers chapitres rendent compte: L'acte du Christ qui se rend visible; L'esthétique de l'Écriture sainte; La tradition artistique dans l'Église et Célébration de la vie. On aura remarqué l'ordonnance choisie. Elle détermine une théologie et une prise de position esthétique consonante en ce que celle-ci ne part pas d'une esthétique formelle générale pour juger ensuite du cas d'espèce, mais, à l'inverse, du plus singulier, l'acte du Christ, au plus universel, qui n'est rien moins que la célébration de toute la vie, mobilisant à leurs places les ressources rationnelles (en ce que les contrées si variées de l'univers artistique ne sont pas sous l'emprise de la seule sensibilité) et incontournables de l'Écriture et de la Tradition.
Peut alors se déployer la considération de la succession historique des styles et s'affirmer dans leur autonomie relative la prégnance des formes artistiques qui montrent la vérité des époques de l'art chrétien. À cela oeuvrent les six chapitres de la deuxième partie du livre intitulé Styles et Formes. On voudrait citer tous les titres qui jalonnent cet itinéraire et conduisent à la contemplation. On se laissera conduire, peut-être au gré de ses intérêts propres dans cet itinéraire combinant la chronologie de l'évolution des styles et l'élucidation des rapports spirituels au mystère chrétien qu'ils entretiennent ou négligent, selon la vocation propre des formes: l'architecture et la liturgie, la sculpture et la sainteté, peinture et manifestation, musique et présence.
Sans pouvoir toujours visualiser les oeuvres et les artistes évoqués, ni suivre dans le détail la main «ouvrière» et son vocabulaire spécialisé et savoureux (l'information est de grande qualité comme la bibliographie infrapaginale le signale), on s'imposera pourtant la lecture attentive des introductions aux six parcours. Elles valent à elles seules une initiation au regard esthétique approprié à chaque forme selon son style propre. Ce survol honteusement lacunaire aura mis en relief, nous l'espérons, la singulière qualité de ce «propos» d'esthétique théologique. En passant nous avons aussi évoqué le tour de force «encyclopédique» que réussissent seulement les «Histoire de l'art chrétien» habitées par une connaissance amoureuse des oeuvres présentées et «offertes». Nous ne citerons pas les auteurs auxquels cet ouvrage se réfère mais à elle seule cette compagnie de goût est un petit trésor inestimable. À ce propos - ce sera notre seul regret - on aurait aimé que les Éditions Lessius offrent à un tel livre la collation des noms propres des artistes cités et des titres de leurs oeuvres et, pourquoi pas aussi un tableau chronologique et un index des auteurs cités et de leur bibliographie. - J. Burton sj

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