La Bible et l'Occident. De la bibliothèque d'Alexandrie à la culture européenne

André Paul
Écriture Sainte - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
L'A., spécialiste de Qumrân (cf. NRT 121 [1999] 297; 128 [2006] 472) poursuit sa recherche sur les origines du christianisme: il a dirigé une Histoire du christianisme en 14 volumes (Desclée 1991-2001) et publié deux volumes sur la genèse de la Bible: Et l'homme créa la Bible (cf. NRT 123 [2001] 641) et Jésus Christ, la rupture (cf. NRT 2003 [2003] 126). Il complète à présent son travail en nous offrant une fresque magistrale sur la fécondité de l'Écriture, puisqu'elle est au départ de la culture de l'Occident, même si la «constitution de l'Europe» feint de l'ignorer.
L'A. nous mène de la traduction de la Bible en grec à Alexandrie (la Septante) jusqu'au Concile de Trente (1546), date de la clôture finale du canon biblique. Un coup d'oeil rétroactif reprend l'histoire du Livre depuis le Ve siècle avant notre ère, comme une histoire nationale de type mythique jusqu'à la Torah des rabbins, puis nous assistons à l'éclosion de la Bible grecque avec sa destinée dans le monde chrétien occidental. L'A. s'attarde à nous faire découvrir les caractéristiques de la Septante avant de nous présenter «la genèse et la percée des premières Écritures chrétiennes» et la transformation de «l'evangelion littéraire aux quatre Évangiles de l'Église».
Examinant le penchant chrétien pour la culture gréco-romaine, nous suivons à la trace la constitution du «canon» de l'Écriture (au IVe siècle), puis les avatars de la traduction en latin, devenu langue de l'Église romaine, avec un souvenir tout particulier pour Jérôme - et sa «vérité hébraïque» - et pour Augustin, commentateur et interprète spirituel des Livres saints. Avec la «Vulgate» latine, nous achevons notre parcours jusqu'au seuil du Concile de Trente. En consacrant officiellement le texte biblique et l'histoire de sa croissance, l'Église reconnaissait la Bible comme patrimoine de la culture européenne dans un engendrement réciproque. En conclusion, l'A. renonce à l'expression «Bible inspirée» pour celle de «Bible inspirante», et il demande «que la Bible soit rendue à l'Antiquité classique» et «que les clercs de toutes appartenances renoncent au monopole confessionnel de la Bible» (p. 391). Bref, que l'on cesse de confondre «les Écritures saintes» et «la Bible» qui n'a rien de foncièrement saint, puisque, selon l'A., elle est le fruit d'auteurs littéraires humains. Certains trouveront le propos exagéré; qu'ils songent cependant à la vérité de l'histoire que nous propose l'A., qui n'entame en rien le message spirituel de la révélation divine, mais qui en souligne son aspect humain et culturel: «Pour la laïcité avec la Bible» (p. 385).
Le livre s'avère passionnant - passionné aussi par endroits -. Devraient le lire en particulier ceux qui se disent «européens», et notamment les politiciens et les gouvernants, afin de reprendre conscience de leurs origines et du patrimoine culturel qu'ils ont à sauvegarder au même titre que les trésors religieux et les cathédrales, sans parti-pris, mais par souci d'objectivité historique. - J. Radermakers sj

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