Le sociologue suisse Michel Egger, devenu orthodoxe en 1990 sous le
nom de Maxime, plaide pour une écologie intégrale. La crise
écologique n'est pas seulement d'ordre économique, politique ou
éthique: elle est culturelle, psychologique et spirituelle; elle
questionne non seulement ce que nous faisons mais ce que nous
sommes. L'écologie extérieure (écogestes, lois vertes, chartes
éthiques), tout importante et nécessaire qu'elle soit, est
insuffisante; elle doit être complétée par une écologie intérieure,
qui suppose une métamorphose spirituelle radicale. Exaltant l'unité
du cosmique, de l'humain et du divin, l'A. nous invite à redonner à
la création sa sacralité et à repenser la place et le rôle de
l'être humain dans la création. Il trouve son inspiration chez
Grégoire de Nazianze, Maxime le Confesseur, Grégoire Palamas, Serge
Boulgakov. Il note l'ambivalence d'un christianisme qui a participé
à la désacralisation (dévalorisation et instrumentalisation) de la
nature… mais qui, dans l'orthodoxie (qui n'a pas connu la
révolution des Lumières), offre de nombreuses richesses, souvent
encore méconnues. Il suggère des résonnances (non pas des
équivalences) entre la science et cette vision chrétienne
orthodoxe. La création est douée d'une autonomie relative, elle
révèle et manifeste Dieu, elle sera transformée à la fin des temps.
Refusant à la fois la supériorité anthropocentrique et le
relativisme cosmocentrique, l'A. propose une mystique de la
création comme lieu de Dieu et une théologie de l'être humain comme
médiateur entre la terre et les cieux. Il prône les qualités du
féminin: respect, douceur, humilité, paix, fraternité… L'ouvrage
est enrichi d'une bibliographie abondante et diversifiée. - P.
Detienne sj